Castelnau Magnoac (Hautes Pyrénées)

Magnoac Football Club Rugby

Fondé en : 1908

Site internet du clubhttps://magnoacfc.fr/
Facebook : https://www.facebook.com/magnoacais/?locale=fr_FR

Palmarès :
Champion de France Honneur : 1995
Champion de France 3e série : 1970
Champion de France 4e série : 1925
Champion d'Occitanie Régionale 1 : 2023
Champion Armagnac Bigorre Honneur : 1979, 1995, 2008
Champion Armagnac Bigorre Promotion d'Honneur : 2003
Champion Armagnac Bigorre 1ère série : 2002
Champion Armagnac Bigorre 2ème série : 1914, 1930, 1972
Champion Armagnac Bigorre 3ème série : 1929, 1970
Champion Armagnac Bigorre 4ème série : 1925, 1952
Champion Armagnac Bigorre 5e série : 1924, 2004
Champion Armagnac Bigorre 6e série : 1962
Coupe Vallès : 1952

Adresse :

Ligue Régionale Occitanie
ex
Comité : Armagnac Bigorre
Equipe première : Fédérale 3

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Historique issu du site du club (2022)

Le rugby apparaît dans le Magnoac à une époque où de nombreux autres clubs se créent et s’intéressent à ce sport en plein essor dans le Sud-Ouest.Entre phase d’essors, de gloires mais aussi de vulnérabilités, le rugby se trouve sa place dans l’identité cantonale entre 1908 et la seconde guerre mondiale.

Le contexte de l’époque: un jeu en plein développement

Après les exploits pionniers de Web Ellis, le rugby traverse la Manche et fait son apparition en France dans les années 1870. Le «Havre Athlétic Club» est le premier groupement à le pratiquer dans notre pays. Plusieurs autres villes vont alors s’intéresser à ce sport, d’abord à Paris puis dans le Sud-Ouest comme par exemple à Auch, dès 1897, à l’instigation de jeunes étudiants de l’école normale qui prendront en otage, pour ce nouveau jeu insolite, la place de la prestigieuse cathédrale Sainte Marie et ce, sous le regard protecteur des deux majestueuses tours de l’édifice et avec la bénédiction de d’Artagnan, symbole de la Gascogne ! Ces étudiants, accrocs de comptes rendus de matches publiés dans les journaux, rêvent de jouer au ballon ovale.

Tarbes aussi va se mettre au diapason dès la fin des années 1890 mais sans structure officielle, plus exactement en 1895. Et cette situation expérimentale se retrouve à l‘époque dans beaucoup d’autres localités. Celles-ci pratiquent un rugby des champs voire des places comme à Auch! Ce n’est qu’en 1901 que le Stadoceste Tarbais est officiellement créé et reconnu avec une équipe de rugby officielle. Lourdes institutionnalise son club en 1911 mais l’aventure rugbystique a déjà démarré dans la cité mariale en 1905, au moins. L’exemple lourdais, mais aussi celui de tant d’autres clubs, nous apprennent beaucoup sur les débuts balbutiants des équipes de rugby. Et le MFC ne va pas déroger à cette situation. La loi de 1901 régissant les associations va fortement contribuer au développement de nouveaux groupements sportifs et ce, d’une manière plus officielle.

La création du comité Armagnac-Bigorre

En 1900, contrairement à Tarbes et Vic-en-Bigorre, il n’y avait point de rugby en Magnoac. A la veille de la Première Guerre Mondiale, le rugby était déjà une distraction bien suivie. Plusieurs preuves viennent étayer notre affirmation. Il existe tout d’abord les plus anciennes photographies exposées, telle une mosaïque, au sein du foyer du MFC Cette initiative d’exposition avait été mise en œuvre par le président Maurice Verdier et le trésorier Siegfried de Molina. Mais, il existe surtout l’acte de fondation du comité Armagnac Bigorre du 29 mai 1912.

Ce comité est né d’un démêlé opposant le Stade Toulousain au Stadoceste Tarbais. Toulouse se qualifiait régulièrement aux dépens d’Auch et de Tarbes. Mais voilà qu’en 1910 puis encore en 1911, la tendance s’inverse en faveur de Tarbes. Le comité des Pyrénées, agacé par cette situation, inflige alors de dures sanctions au Stadoceste. Motif avancé par le comité et également par les dirigeants toulousains : la mauvaise ambiance entretenue par le Stadoceste lors de compétitions opposant les équipes II et IV des deux villes. La mémoire collective garde le souvenir d’un match très agité entre les clubs des deux cités sur le terrain de « Sarrouilles ». L’arbitre a été contraint de quitter les lieux sous la protection des gendarmes à cheval. Les dirigeants tarbais, soutenus par plusieurs personnalités de la pauvre cité bafouée, envisagent de quitter le comité des Pyrénées. Ils prennent alors contact avec des clubs voisins et ces tractations s’avèrent fructueuses. C’est ainsi qu’ils parviennent à mettre sur pied un nouveau comité regroupant les clubs de l’époque du Gers et des Hautes-Pyrénées. Et ce comité est naturellement baptisé «comité Armagnac-Bigorre». Parmi les structures qui le composent: le Magnoac Football Club. Monsieur Mousset de Castelnau est désigné, la même année, vice-président du comité. Il représente le MFC Le premier président du comité est Maurice Trélut, homme célèbre qui a donné son nom au stade principal de Tarbes.

1908: la première année ?

En quelle année donc a débuté l’aventure du rugby dans le Magnoac? La question est en fait une colle! Et voilà pourquoi papy a bien du mal à donner une réponse exacte! On a tout entendu. 1906 disent certains, 1908 disent d’autres! Et, en plus, aucune archive ne semble exister ni à Castelnau ni à Tarbes au comité Armagnac Bigorre ! «Papy, faîtes un effort!». Nous savons cependant qu’en 1912, lors de la création du comité territorial Armagnac-Bigorre, le MFC existe.

Voulant en avoir le cœur net, le vice-président et trésorier Pierre Vidou, magnoacais de naissance mais résident toulousain, s’est rendu en février 2006 au comité des Pyrénées à Toulouse. Il a fouiné dans les archives de ce dernier. Avant 1912, il convient de rappeler, histoire de se rafraîchir la mémoire, que le comité des Pyrénées, dénommé à l’époque «Ligue des Pyrénées» pouvait se prévaloir de sa compétence territoriale en Bigorre et en Armagnac. Sans nous faire “attendre”, le verdict est alors tombé, net comme un couperet. Me téléphonant immédiatement ce 9 février 2006 aux environs de midi depuis la salle de recherche du comité, Pierre m’a laissé un message (je n’ai pas été assez rapide pour décrocher à temps). Voici une partie de sa déclaration enregistrée : «tu as tort de ne pas me répondre instantanément (…), je viens juste de trouver (…), création du Magnoac Football Club, maillot blanc (…), M. Raoul Long, secrétaire du MFC à Castelnau-Magnoac, Hautes Pyrénées, publié dans le Bulletin Officiel de l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques du 7 avril 1911». Le rappelant alors instantanément: «Attends Pierre, quelle surprise! Mais alors, il faut patienter jusqu’en 2011 pour fêter le centenaire?» On pensait tellement que c’était juste un peu avant. Tout de même, ce Monsieur Long, mon lointain prédécesseur, aurait pu déclarer son club en 1906 ou 1908, il nous aurait bien faciliter les choses!

Le MFC fait l’objet d’une déclaration en préfecture des Hautes-Pyrénées le 21 novembre 1936, seulement! Avec les premiers congés payés, les responsables ont peut-être eu davantage de temps pour s’affairer aux extras administratifs. Aujourd’hui, le poids de la paperasse et celui des démarches officielles est de plus en plus croissant et, avouons-le, lourd pour des bénévoles. Je crois pouvoir dire qu’avant tout, le MFC avait pour priorité la pratique sportive et non pas l’envie de gérer une entreprise, de manager une structure comme cela s’impose de plus en plus dans nos associations en raison de l’évolution des réglementations et des législations. On s’amusait avant tout ! Le Journal Officiel mentionne l’objet déclaré du club: «pratique du football et de tous les sports». Relevons encore en 1936 la dénomination de «football». Les statuts mentionnent effectivement la pratique de sports très différents mais surtout la date de création du club: 1908. Officiellement, le club existe depuis 1908, d’après les Statuts. Une photographie d’équipe, exposée au club house, est datée de 1908. C’est la plus ancienne qui soit, en notre connaissance. Toutefois, cette date annotée n’est pas une preuve car la photographie en question a été reproduite à partir d’un original. Quelqu’un de tatillon pourrait très bien remettre en doute légitimement cette date car rajoutée après coup. Elle n’est donc pas une preuve mais un indice.

L’année 1908 trouve cependant une explication raisonnée. Le MFC existe grâce à la volonté d’un homme: Paul Émile Mousset, né à Puntous le 17 octobre 1869. Ceci est incontestable. La famille Mousset, de nos jours toujours domiciliée à Castelnau, est très connue. Paul Mousset est un personnage dynamique et dynamisant, une personnalité magnoacaise dotée d’un réseau relationnel important. La grande préoccupation de Paul Mousset : la jeunesse. Conscient du fait que les jeunes doivent pouvoir se retrouver autour d’activités fortes, il propose un jeu : celui du rugby ou plutôt du football rugby, pratique sportive dans un contexte de plein essor dans le Sud-Ouest au début du XXe siècle. Paul Mousset s’entoure alors de quelques hommes dont Raoul Long, le chapelier de Castelnau qui devient secrétaire du nouveau club. Pourquoi alors cette date de 1908? Tout simplement en raison du fait que Paul Mousset est élu maire cette année-là à l’occasion du scrutin municipal. Il accède aux destinées de la commune et succède à Gustave Baudens. Cet avènement au pouvoir est le fruit d’une «haute lutte» comme le mentionnera lors de son décès « Le Républicain des Hautes-Pyrénées « , l’ancêtre de l’actuelle « Nouvelle République » et ce, dans son édition du 29 octobre 1925. Ce nouveau maire sera élu conseiller général du Magnoac de 1913 à 1919 mais, à l’issue de ce mandat, il ne se représente pas.

L’arrivée de Paul Mousset au pouvoir municipal et cantonal marque un tournant nouveau, tout spécialement dans l’Histoire de la commune de Castelnau. Elle provoque, pour ce qui nous concerne, la naissance du «Magnoac Football Club».

Joseph Lanusse, président du Comité Armagnac-Bigorre des années 1920 à 1966, a laissé les notes suivantes : « Lourdes voir surgir le Football Club avec les Dalavat, Méo, Castay… les cantons à leur tour suivent à vive cadence: Castelnau-Magnoac, Lannemezan, Arreau, Maubourguet, Mirande, Plaisance… Toute une floraison de sociétés qui rivalisent ardemment ». Tous ce clubs se créent entre 1905 et 1911.

Une dernière question peut se poser : Paul Mousset propose la création d’un jeu d’une équipe de rugby mais pourquoi ce sport ?

Outre le fait que ce jeu est en vogue dans le sud de la France à son époque, il est intéressant de relever le fait que Paul Mousset est un ancien élève de Concorcet de Paris. Or, dans les années 1880 -1885, cet établissement scolaire  est à l’origine du Racing-club de France. Le stade Français, quand a lui, doit son existence au lycée Buffon de Paris. D’une manière ou d’une autre, Paul Mousset a donc été en contact avec ce sport lor sde sa scolarité. En 1885, il avait l’age d’être un lycéen… Tout s’éclaire alors !

Les premières saisons du MFC avec les normaliens d’Auch


Le MFC existe avant la première guerre mondiale. Cela est incontestable. Pierre Roger, supporter du club de nos jours et ancien joueur, possède un cliché sur lequel figurent les deux grands-pères de son épouse: Urbain Ozon et Edmond Aubian.

Cette photographie a été datée de 1909-1910. Or, Edmond Aubian fut blessé à la guerre au niveau d’un bras. Sur le cliché en question, il apparaît clairement doté de ces deux bras, sans prothèse. Ceci prouve bien, encore une fois, qu’une équipe fonctionne avant la guerre. Edmond Aubian sera d’ailleurs dirigeant dans les années 1920. Nous le retrouvons de nouveau sur la célèbre photographie de l’équipe championne de France en 1925. Rebondissement: au dos de cette photographie reproduite à partir de l’original, le mention «1909-1910» a été rajoutée. Et ce même cliché est exposé au club-house mais, en ce lieu, il est daté de 1908. C’est la fameuse photographie évoquée précédemment, sûrement la plus ancienne.

Parmi les hauts faits qui imprègnent les début du MFC, il est un qui mérite d’être mis en avant. Le dimanche 14 janvier 1912, la canton assiste à un spectacle euphorique avant le match du jour. : un « avion » se pose  pour la première fois à Castelnau-Magnoac tandis que les premiers essais en région tarbaise viennent à peine de se dérouler l’année précédente. Parmi ces héros ; l’aviateur Deneau. Cet intrépide ne cesse de faire déplacer les foules à chacune des ses tentatives de vol. Le journal « Les Pyrénées » rapporte bien précisément  la chronologie de ces événements survenus en Magnoac. Le 31 décembre 1911, le quotidien annonce l’intention de Deneau de se poser à Castelnau-Magnoac et ce, le 7 janvier 1912. Pour des raisons climatiques, la manœuvre est repoussée d’une semaine. Au bon jour « J », l’aviateur décolle de Tarbes et emprunte la direction du Magnoac. D’après le tracé indiqué quelques jours auparavant, il survole Sentous, Campuzan, Hachan, Barthe et Castelnau pour atterrir enfin sur le pré de Paul Mousset  après avoir survolé Sariac. Or, on ne l’attends pas de si bonne heure à Castelnau : « il était à peine 9h20 que la libellule apparut à l’ouest, à une très grande hauteur, brillant sous les rayons du soleil, elle s’approche, grossit à vue d’œil, elle est là, on perçoit le ronflement de son moteur puissant; un cri d’admiration s’élève, et a dû parvenir à l’homme qui, le premier, va conduire un aéroplane dans notre pays ». Le journaliste continue de décrire l’euphorie: « on entoure l’aviateur raidi par le froid, on l’acclame, tous veulent lui serrer les mains, c’est un moment d’enthousiasme impossible à décrire (…), on voit du monde de partout, jusque sur les toits et les arbres ». ET, après cette démonstration d’envergure, le public assiste au match de rugby mettant en présence l’équipe de Castelnau-Magnoac à celle d’Arreau, club aujourd’hui relayé au rang des oubliettes.

Les premières saisons sont brillantes. Dès 1912, le MFC est classé en 2e série. Il est champion territorial dans cette série de 1914 et dispute la demi-finale du championnat de France face à Oloron. Magnoac est battu. La guerre mobilise les jeunes avec son cortège d’horreurs, de pertes humaines et de «gueules cassées».

Une brève est publiée dans un journal départemental, durant la Grande-Guerre, nous informe que toute l’équipe est mobilisée y compris son capitaine, le sergent Barège. Celui-ci est instituteur adjoint à l’école des garçons. En 1916 cependant, une équipe est photographiée. L’année 1916 est notée sur le cliché et nous pouvons aussi remarquer le cachet du club de l’époque. Peu de joueurs ont pu être identifiés : seulement sept. Ces joueurs semblent relativement jeunes et ne sont peut-être pas en âge d’être mobilisés pour la Grande-Guerre. Il s’agit peut-être d’une catégorie de licenciés que appellerions aujourd’hui « juniors ».

Paul Mousset est un homme intelligent qui sait comment consolider son équipe de rugby naissante. René Despaux nous explique la stratégie de cet homme, sûrement visionnaire. «Dirigeant dynamique et futé, Monsieur Paul Mousset avait ses entrées dans bien des comités, administrations et autres. C’est ainsi qu’il eut l’idée géniale d’aller « piocher » du côté de l’école normale des instituteurs à Auch. Il contactait les candidats reçus, les faisait affecter dans les écoles du Magnoac ou les aidait dans leurs choix. Formés également au rugby durant leur scolarité, ils transmettaient leur savoir sportif aux copains du club. Quelques noms nous restent en mémoire: Ozon, Taule, Belon, Sol Dourdain, Latapie, Victorin qui avait de la parenté à Castelnau et autres, venant de la vallée d’Aure ou de cantons voisins. Avec les magnoacais Niolet, Méné, Bougues de Devèze, Delpech de Sariac, Maury, Bordes de Galan, les voisins gersois Daroles, Labadens de Masseube, Dubosc de Panassac, Menvielle de Ste Aurence, aussi et surtout avec Jean Morère et Clément Dulaurens, joueurs clefs du MFC, athlètes surdoués pour le rugby dont la classe éclata dès leur mutation su Stade Toulousain appelé plus tard la « Vierge Rouge » pour son fabuleux palmarès».

Il faut attendre 1924 pour voir fleurir une grande et mémorable victoire, retenue par l’Histoire : le 27 janvier de cette année-là, le MFC bat, en finale Armagnac-Bigorre 5e série, le SC Viellanais par 28 à 0. À cette époque le 5e série est une division de championnat à part entière. Place ensuite au championnat de France où le club grimpe progressivement jusqu’à la demi-finale nationale de 5e série. Il échoue mais le parcours n’en demeure pas moins méritant.

La couleur du club, à l’origine était le blanc. La déclaration de Raoul Long en témoigne. Le rouge ne vient se rajouter sur les maillots que quelques années plus tard. Le rouge et le blanc sont les couleurs du club en 1927 (sources FFR).

Quand le Magnoac comptait deux clubs

De la rivalité à la fusion

Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, le canton du Magnoac a vu évoluer des équipes différentes dans deux de ses villages: à Castelnau, bien sûr, mais aussi à Monléon-Magnoac, à moins de dix kilomètres. Lorsque l’on connaît autant soit peu l’Histoire locale, on ne peut que comprendre, en définitive, cette situation. Selon la tradition, Monléon aurait été la principale communauté du Magnoac durant le « Haut Moyen-âge », Castelnau n’ayant acquis la primauté sur Monléon qu’au XIIIe siècle avec la migration, de Monléon vers Castelnau, du seigneur Sanche lequel était désireux d’y construire un nouveau château et d’y fixer sa résidence. Lors de la Révolution, l’actuel canton du Magnoac sera même le théâtre d’un débat visant à y créer deux cantons: l’un avec Castelnau comme chef-lieu, l’autre avec Monléon. Cette tentative verra le jour mais que très brièvement. Alors, finalement, le fait qu’il y ait eu deux clubs en Magnoac ne peut plus choquer qui que ce soit. Monléon méritait bien qu’une pratique du rugby s’immisce dans ses enceintes. Mais là encore, l’expérience ne dura pas longtemps.

Malheureusement, aucun document officiel ne semble exister sur ce club de rugby qui aurait déployé ses lettres de noblesse à Monléon-Magnoac. Cependant, quelques témoignages sérieux et émouvants permettent de ne plus abuser d’un ton au conditionnel mais d’affirmer qu’effectivement, un club a bel et bien fonctionné dans cette charmante bourgade de Monléon-Magnoac. Mme Jeanne Noilhan, née Lartigue, du village, aujourd’hui âgée de 94 ans, se rappelle avoir assisté, petite fille, à des matches alors que ses parents la croyaient aux vêpres dominicales! Le terrain de jeu était un champ consenti par la famille d’Espouey de Monléon-Magnoac, champ situé en bordure de la route menant du bourg au hameau de Garaison. Plus exactement, cette aire de jeu se situait devant l’actuelle maison de Gérard Barthe, à présent maire de la commune. Propriété des héritiers d’Espouey, ce champ est aujourd’hui cultivé par la famille Duprat dont l’un des membres, Roger, est une figure dirigeante du MFC Il comportait jusque vers la fin des années 1970, un légendaire gros chêne. Les joueurs se lavaient dans le tout proche cours d’eau : le « Ciers ». La couleur rouge caractérisait le club baptisé « Union Sportive Monléonnaise ». Raumond d’Espouy est mentionné comme correspondant dans les annuaires de la FFR.

Plusieurs noms de joueurs ont marqué cet épisode de la vie locale. Voici les quelques patronymes retrouvés: MM Henri Castets, Charles et Éloi Laguens, le marchand de vin Pierre Arnaudy (le fils de Aristide Arnaudy, maire de Monléon de 1925 à 1940), MM. Lacoste de Saint-Elix-Theux, François Dutrey, Gabriel Sabathier, Roch, Lucien Dutrey (grand-père de Denis Pujos), Armand Ariès, Alexandre Dastugue de Villemur mais encore les frères Tajan à savoir Jean dit Lubin et Dominique, supporter du MFC dans les années glorieuses de 1970. Dominique est le grand-père de Claude Tajan, ancien joueur du MFC et arbitre reconnu que nous aurons l’occasion de retrouver plus loin dans notre récit. Ce groupe de locaux était aussi complété par des joueurs de Simorre dans le Gers, de Burg dans le canton de Tournay… A l’époque, on s’accommodait évidemment avec les moyens du bord: avec des crampons de fortune qui étaient fabriqués « maison » à partir de bandelettes de cuir croisées et clouées sur les chaussures, avec également des vestiaires imaginaires sous un chêne…

Le club de Rugby de Mauléon semble avoir évolué seulement en 5e série. Le journal « Le Semeur » du 27 octobre 1925 annonce que le championnat territorial des clubs en 2e, 3e, 4e 5e série vient à peine de commencer. Rabastens, Castelnau-Magnoac, Trie sur Baïse, Riscle, Mauvezin, Vic-Fezensac jouent en 3e série. Quand à la poule de 5e série, elle concerne les clubs suivants : Cauterets, Orleix, l’Avenir Club Lourdais, La Barthe de Neste, Saint-Laurent, Monléon-Magnaoc, Arreau, Cazaubon, Castelnau-d’Auzan, Saint-Clar, Montestruc, Seissan, Lombez. Le 15 novembre 1925, Monléon bat Saint-Laurent-de-Neste 3 à 0.

En 1927, on trouve encore mention d’un club de rugby à Monléon. Il semble que part la suite, un tel club abandonne sa section rugby. Les joueurs de Monléon jouent désormais à Castelnau après des années de luttes fratricides. Pendant la seconde guerre mondiale, sous l’impulsion du grand pyrénéiste Raymond d’Espouy (1892-1955) de Monléon, des matches de football ou de rugby sont organisés avec des vétérans de l’époque rugbystique et des plus jeunes en faveurs des prisonniers de guerre. Sur une des photographies, beaucoup reconnaîtront le grand-père de Claude Tajan mais encore Louis Abadie et bien d’autres…

1er grand titre et l’entre-deux-guerres : 1925 – 1945

Fort de sa victoire territoriale face à Viella, le MFC évolue en quatrième série durant la saison 1924-1925. Le 8 février 1925, Magnoac bat Éauze par 3 à 0 après prolongations. Ce math de finale se joue à Mirande. L’arbitre de la rencontre est M. Pène. Le MFC remporte donc le titre de champion Armagnac-Bigorre 4e série. Ce match fait l’objet d’une réclamation d’Éauze auprès du comité. Le grief porte sur un joueur qui serait suspendu. Le comité rejette cette doléance : « La suspension du joueur Ducassé expirait le 4 février, la mutation de ce joueur pour le Magnoac FC a été confirmée ».

L’évolution en championnat national se déroule parfaitement : au sortir de la course, après avoir gagné à Redorte (Aude), battu la Côte Basque et Rion-des-Landes à Agen en demi-finale, le MFC remporte le titre national 4e série par 9 à 0. Nous sommes le dimanche 26 avril 1925 au terrain sportif des Ponts-Jumeaux à Toulouse. C’est le premier grand bouclier national que le club ramène. La finale met en scène les Bigourdans et l’AS Quarantais, rude formation sportive de l’Hérault. La finale est disputée en lever de rideau d’un grand match « Carcassone-Perpignan ».

L’un des derniers probables vétérans de l’époque de 1925, Marcel Dupin, meurt en 1998. Cet homme, joueur dans l’équipe championne de France en 1925, est, sa vie durant, un grand fidèle du stade municipal. Très attentionné, il y vient régulièrement, avec Fernand Monlézun, pour peindre, faucher l’herbe, traquer les taupes… Quelques jours plus tard, un un autre ancien grand supporter et joueur, légèrement plus jeune de quelques années meurt : Alexandre Désangles, dit « Tatanne ».

La difficile succession du fondateur

Le décès du président Mousset : un tournant dans l’Histoire du club

L’euphorie suscitée par le titre de 1925 s’estompe bien vite. La même année, un événement brutal, le décès soudain du président Mousset, endeuille profondément le club. Les obsèques, grandioses, se déroulent à Castelnau-Magnoac le vendredi 30 octobre 1925. La foule se masse au pied de la collégiale. Parmi les nombreuses personnalités politiques ou civiles qui effectuent le déplacement, le «Républicain des Hautes-Pyrénées» note la participation de «M. Lanusse, maire d’Andrest, président du comité Armagnac-Bigorre dont Paul Mousset était le vice-président, M. Jules Soulé, président du Stadoceste» La famille et les femmes seulement parviennent à prendre place dans la collégiale tant l’affluence est grande. Plusieurs allocutions sont ensuite prononcées au cimetière dont celle de Pierre Dupin, maire adjoint de Castelnau-Magnoac, celle du président du Comité Armagnac-Bigorre.

Ayant retrouvé l’oraison funèbre de l’adjoint, l’espoir était grand de mettre aussi la main sur celle prononcée par M. Lanusse. Aucune transcription, à ce jour, n’a été retrouvée. Nous aurions probablement eu d’intéressantes annotations sur les origines et la fondation du MFC Sur ce sujet, l’adjoint n’en dit mot dans son discours. Ce n’était d’ailleurs pas son rôle que de télescoper les propos du représentant du comité.

Léon Lartet, déjà conseiller général du canton, est élu maire de Castelnau-Magnoac en remplacement de Paul Mousset. Interrogé sur l’ère du président Mousset, René Despaux a bien voulu nous livrer le commentaire suivant : «Castelnau perdait l’un de ses meilleurs serviteurs et le Magnoac Football Club son créateur, son bienfaiteur qui eut l’honneur et la joie de voir sa jeunesse sportive atteindre dans sa catégorie le sommet de la gloire quelques semaines avant de la quitter à jamais».

Il faudra attendre 45 ans pour revivre pareil honneur sportif sous la houlette de Henri Cabos en 1970 et encore 25 ans, en 1995, avec Édouard Desbets à la présidence».

Les années de l’entre-deux-guerres

La vie après la mort du fondateur

René Despaux décrit la situation du club avec la disparition de Paul Mousset; « Le Club poursuivit sa saison en hommage à l’homme public, au président très regretté, mais ébranlé jusque dans ses bases, il perdit de ses moyens, de son ambiance, de son effectif car les jeunes instituteurs n’étaient plus contactés.

Heureusement il resta quelques gersois et aussi les jeunes magnoacais à la « sanquette bouillante », des solides comme Monties, Lamora, Duffo et Monfort de Larroque, Maury, Ferré, Aubian, Bastiment, Labat pour rejoindre Niolet, Méné, Dupin, Dutrey, Victorin, Passama, Ozon, Thilha, Rozès, les jeunes Roch, Renaud, Abeillé…

René Despaux se rappelle d’avoir vécu très jeune, un match impliquant le Stade Toulousain. « Parmi mes souvenirs d’enfance, j’ai celui de la venu du grand Stade Toulousain sur terrain de Castelnau contre une formation dont le nom m’échappe, j’ai le souvenir d’avoir admiré Clément Dulaurans dans ses sprints, la force de Jean Morère fonçant et sautant en puissance et marquant un essai avec trois ou quatre adversaires à ses basques, peut-être du jamais vu avant à Castelnau ».

Ce match était au profit du Magnoac FC et René Despaux de poursuivre : « Je n’ai jamais oublié ».

Pour assurer la coordination du Club, il faut bien un leader. François Barrère est désigné président Il est donc le second dans la liste chronologique des présidents.

De 1925 à 1929, le club poursuit sa course. Plusieurs victoires consécutives laissent deviner l’existence de bons éléments au sein de ce club. La mémoire collective a retenu principalement le titre Armagnac-Bigorre de 1930, mais en réalité, cette époque en voit fleurir d’autres, les uns aussi encourageants que les autres. La composition des poules ou bien des rencontres impliquent des matchs face à des équipes aux noms prestigieux. Une carte du club de 1929, conservé par une famille de Castelnau-Magnoac, le prouve. Le Stade Toulousain, Stade Saint-Gaudinois, Cercle Amical Lannemezanais, les Montagnards de Campan, Lombez-Samatan, Union Sportive Mirandaise…

En 1929, le MFC remporte un titre : me 3 février, il est champion Armagnac-Bigorre 3e série en battant L’Isle Jourdain par 4 à 0. Puis en 1930, c’est le fameux titre Armagnac-Bigorre 2e série : le 19 janvier le MFC bat l’AS Nogaro par 7 à 3. Le match est homologué par le comité dans sa séance du 23 janvier suivant. Le MFC joue le 30 mars 1930 la match de barrage pour gravir l’échelon supérieur à Lannemezan face au Stade Bagnérais. En première mi-temps Castelnau domine par ses avants et botte un drop après 10 minutes de jeu. La seconde période tourne à l’avantage de Bagnères qui, déjà fort d’avoir marqué un premier essai, en inscrit trois autres et remporte alors le match.

Les années trente ou la baisse de régime

La victoire de 1930 reste l’une des des dernières d’avant-guerre. Le club poursuit sa marche dans les années trente sans réellement s’illustrer. Le MFC ne disputa pas de championnats durant la guerre mais l’activité sportive n’est pas pour autant inexistante. C’est en 1935 qu’un jeune et nouveau maire est élu à Castelnau-Magnoac : René Niolet, né en 1905. Sportif de haut-niveau, champion de France en 1925, très bon élément de l’équipe locale, René Niolet a joué aussi à Auch. Il a signé dans ce club en qualité de trois-quarts centre et ce, en 1931, soit un an après sa participation à la finale Armagnac-Bigorre de 2e série. Il intègre un club, où déjà, un ancien coéquipier du Magnoac, Passama, est bien connu. Ce dernier serait apparemment venu jouer en Magnoac en 1930 comme semble pourtant l’indiquer la légende du cliché sur lequel figure l’équipe victorieuse de cette année-là ? quand à René Niolet, il est toujours licencié à Auch en décembre 1933. Il joue aussi au Maroc une saison.

Après la déclaration de guerre, le rugby perd de son éclat et le football reprend le dessus. DEs populations nouvelles arrivent dans la région en 1940: des réfugiés belges, des militaires du 503e régiment de chars replié à Castelnau et aussi du 510e régiment de chars plutôt recroquevillé à Chélan. Les sportifs de ces nouveaux groupes viennent pour jouer au football et naturellement, bon nombre de jeunes et d’adolescents ne ratent pas des occasions pour goûter aux nouveaux plaisirs que procure le ballon rond.

René Despaux se rappelle : « des joueurs chevronnés, des dirigeants, devinrent formateurs et entraîneurs bénévoles, prirent les jeunes en main avec Félix Kindts d’origine belge, artisan charpentier à Castelnau qui devint un excellent président et à 18 ans, je devins secrétaire et trésorier avec André Bacon, pour adjoint (…), le club eut la chance d’inscrire dans son effectif de joueurs, le demi-centre de l’époque du RC Roubaix, un superman pour nous sur le terrain, son nom m’a échappé, il revient par éclipses ».


Si nous avons grande peine à reconstituer une liste exacte des présidents du MFC pour cette période d’avant-guerre, nous savons qu’en 1936, René Niolet est président du club, a priori le troisième. Il dépose effectivement les statuts du club en préfecture cette année-là. En réalité, la constitution juridique de l’association le « MFC » ne date que de cette époque là. Au dernier novembre 1936, lu bureau du MFC compte de nombreux notables ; René Niolet, président, par ailleurs marchand de meubles; l’hôtelier Louis Dupont, l’avocat Jean Mousset, l’ingénieur Jean Coussié, le notaire Martial Ducaud, le boulanger Léopold Méné, le dentiste Georges Denériza, vice-présidents; Rocher Roch, secrétaire général; François Barrère et Laurent Mougnard secrétaires adjoints; Jean Bougues, trésorier; Jean Lacoste et Joseph Baqué, adjoints au trésorier.

Aux environs de 1936, une pseudo école de rugby existe, baptisée avec dérision « Biberon Club Magnoacais » et comporte des éléments tels Adrien Dupin qui entraîne, Henri Bielsa, André et René Despaux, Léon Mousset, André Bacon, René Sabathier, Georges Taran, Marcel Gabas, Jean Beau, Paul et Henri Cabos, Rio Roumagnac et Rémi Dutrey. Le jeudi, jour de congés scolaire, les adolescents se donnent rendez-vous au quartier Carolle, au « petit pré Mousset », aujourd’hui occupé par l’ancien collège du Magnoac. Ces garçons tentent d’imiter les grands qui jouent à « l’étage au dessus » sur le grand pré.

Certains magnoacais ne se résignent pas face à cette nouvelle donne et décident de jouer au rugby à Trie-sur-Baïse. Le rugby n’est pour autant pas totalement absent de Castelnau. Certains continuent d’y jouer en amical. Une photo et les souvenirs de Georges Trey l’attestent. Ce denier ou bien encore des villageois comme André Souberville peuvent en témoigner car ils jouent à cette époque. On se change aux ateliers de chez Niolet puis on descend au terrain nouvellement aménagé. On se lave à une pompe situé à l’angle de la rue de Recurt voire même dans les fossés.

De la reconstruction à la gloire : 1945-1970

Les années de reconstruction du club

Une gestion très collégiale du club

Les années d’après guerre et les années 50 sont celles de reconstruction du MFC à l’image de la reconstruction de la France aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Il est difficile de dresser une liste exacte des présidents de cette époque pour la bonne raison que ceux-ci n’étaient pas vraiment désignés d’une manière officielle. Les acteurs de cette époque ne sont pas en mesure aujourd’hui d’apporter des précisions exactes à ce sujet. On sait seulement qu’un groupe de dirigeants mordues a relancé le club et les championnats avec, à leur tête Joseph Baqué, grand apôtre du cyclisme. Père de François Baqué, Joseph est un ancien joueur du CAL avec lequel il fut sacré champion de France lors de la saison 1929-1930. Il jouait au poste de talonneur. Joseph Baqué aurait été président aux environs des années 1950 avec aussi Georges Péghilhan, célèbre grand prisonnier de guerre dans le canton.

Auguste Castet, ancien receveur, est trésorier. René Niolet est encore à cette époque, dirigeant voire même de nouveau président. Il quitte ensuite Castelnau-Magnoac pour rejoindre Bagnères-de-Bigorre. Dans cette ville thermale, il y poursuit son activité commerciale de vente de meubles. René Niolet deviendra plus tard président du Stade Bagnérais. En 1970, lors de l’épopée glorieuse du MFC, il accorde une interview à « La Dépêche » sur ses années de présence au MFC en tant que joueur et président.

En 1956, nous connaissons avec précision la composition de l’équipe dirigeante, du moins celle aux commandes directes du club. Lors de l’assemblée générale du 4 novembre 1956, le comité directeur est ainsi constitué : René Despaux, président; André Débat, vice-président; Auguste Castet, secrétaire général; Henri Cabos, trésorier adjoint. Sont aussi membres du bureau : Laurent Labat, Adrien Lupin, Gilbert Denoeys, Jean Puydarrieu.

René Despaux est né en 1921 tout comme son vice-président qui lui succède. Pour la petite histoire, rappelons une anecdote qui révèle bien l’état d’esprit dans lequel les présidents de l’époque accomplissaient leurs fonctions. Venant d’être désigné président, notre cher André Débat s’empresse de bien recommander à ses amis dirigeants de ne surtout pas le dire à son épouse. Forcément, le secret n’est pas préservé bien longtemps. Le lendemain, ou peu de jours après cette grande élection, un des commerçants de la place de Castelnau ne peut s’empêcher ne peut s’empresser de prendre des nouvelles de l’agent secret. De l’autre extrémité de la place, il l’interpelle et lui crie publiquement : « Alors Monsieur le Président, comment ça va ? ».

Les années 1950 restent bien celles de la reconstruction du Club. Les championnats officiels sont très suivis, le club se dote d’un foyer, de vestiaires, de tribunes. L’ensemble est peut-être rustique mais il dénote bien l’envie du MFC de retrouver l’éclat de sa jeunesse passée, celle de l’épopée de Paul Mousset.

Côté Sportif, les saisons, surtout celles de la fin des années cinquante, ne s’achèvent pas forcément sur des résultats exceptionnels. À cette époque, on voir arriver plusieurs joueurs, CRS à Lannemezan : les dénommés Bielsa, Vital, Pécune, Fourtine, Labanère vont marquer de leur empreinte le club.

En 1959, un article de presse nous apprend que le président du Club est Joseph Tarboulier , directeur du collège rural. En fait René Despaux assume la présidence du club lors de la saison 1956-1957 puis André Débat prend le flambeau, la saison suivante, pour quelques mois. On peut situer l’arrivée de Joseph Tarboulier à la présidence du MFC en 1958.

René Despaux affirme encore de nos jours que, bien souvent, personne ne souhaitait assumer cette fonction de président et qu’il assurait par conséquent des intérims. durant l’été 1956, René Despaux est déjà président. En effet, en août 1956, joueurs et dirigeants du club se retroussent les manches pour débuter la construction, côté nord du terrain actuel, de leurs vestiaires. La presse d’époque précise bien que le président est René Despaux. Celui-ci, en amuseur public, est d’ailleurs photographié, coiffé d’un chapeau melon, au volant d’une voiture dite « présidentielle ».

Et pour faire bonne mesure, des prêtres de Garaison intègrent aussi le MFC. Nous reparlerons d’eux plus loin. Leur hiérarchie est, au début, peu favorable à cette pratique sportive. Alors les prêtres ensoutanés doivent se changer clandestinement, en un lieu différent de celui des autres joueurs. Cela se passe aux ateliers de la maison Niolet dans lequel le menuisier stocke les cercueils.

Souvent, des matchs amicaux opposent l’équipe de Castelnau à l’équipe scolaire de Garaison. Telle est le cas le jour de l’Ascension 1959. L’année 1952 est, de loin, la plus grande année sportive de cette période d’après-guerre.

La grande année 1952

La saison qui vient de récompenser et couronner l’ensemble des efforts de revitalisation du MFC est bien celle de 1951-1952 où le club, avec son équipe unique, remporte deux titre : celui de champion Armagnac-Bigorre 4e série en battant d’abord Riscle en demi-finale le 17 février 1952, puis Plaisance en finale le 24 février

La même année, l’équipe remporte la coupe Vallès en battant Bordères-sur-l’Échez. Parmi les joueurs de cette époque, voici quelques noms : les frères Despaux, M.M. Bacon, Lier, Liaut, Kindts, Cabos, Ferrand, Gaspin, Vidou, Dupuy, Castet. Toujours la même année, le club dispute le championnat appelé à l’époque, « championnat du groupe sud » de 4e série. Il termine sa course en demi-finale. Cette dernière se déroule à Villefranche-de-Lauragais face à Cazouls-lès-Béziers, club de l’Hérault pour ceux qui n’aura pas compris.

 En marge du championnat territorial en 4é série, la coupe Vallès est donc remportée, la même année, par les magnoacais. Cette compétition correspond à une forme de challenge en mémoire du grand joueur du même nom. La match de finale se joue le 11 mai 1952 sur le terrain de Rabastens devant un nombreux public et oppose donc le MFC à Bordères-sur-l-Échez. Dès l’entame du match, Pierre Liaut de mêlée favorable, perce avec précision et s’en va marquer un essai que le joueur Ferran transforme. Même si l’équipe « Rouge et Blanc » domine durant toute la première période de jeu, elle ne parvient pas à inscrire d’autres points. Bordères-sur-l-Échez profite de la seconde période du match pour s’affirmer. L’équipe marque un essai en coin. Mais le score, désormais de 5 à 3 pour le MFC reste le même jusqu’à la fin de la période réglementaire grâce à une défense infaillible du Magnoac. C’est alors une belle victoire que nos vaillants magnoacais s’empressent de fêter, même Pierre Liaut avec son œil pourtant bien marqué durant le match. L’équipe se voir remettre la belle coupe Vallès et regagne Castelnau pour un banquet de réjouissances et un bal donné au dancing de l’hôtel Dupont.

Les années 1960 ou celles de l’affirmation

Les années de présidence de Gaston Miqueu, Jean Lamort et Jean de Bastard

Le 1er avril 1962, le MFC est champion Armagnac-Bigorre 6é série. Cette victoire «termine avec éclat la saison rugbystique 1961-1962». Aujourd’hui, un tel titre semblerait peu important mais en 1962, ce titre est un encouragement pour les petits clubs comme le MFC. La finale oppose les « Rouges et Blancs » à l’équipe de Marciac (Gers). L’article de presse, publié le jeudi suivant, fait état de l’ambiance engendrée par cette victoire venant raviver le moral du club. Le texte fait l’éloge du président Miqueu : «ce succès bien mérité a été obtenu grâce au dévouement de tous ses dirigeants, et surtout grâce à la dynamique impulsion de son nouveau président Miqueu qui, en peu de temps, a su redonner ce bon souffle revivifiant à un club qui ressentait les effets néfastes de défaites accumulées et quelques fois imméritées». Le délire s’exprime à la fin du match et, tour à tour, les dirigeants Gaston Miqueu, Henri Cabos et Ducuing sont portés en triomphe sans oublier le capitaine Georges Bascugnana.

Le retour est marqué par une halte à Trie-sur-Baïse. Le cortège des voitures de supporters prend ensuite la direction de Galan, en hommage à Noguès et aux frères Recurt, joueurs du club, lesquels sont originaires de ce bourg. Le retour à Castelnau est un triomphe.

Revenons quelques instants sur Georges Bascugnana. Celui-ci est, depuis peu, le capitaine- entraîneur du MFC Il a été recruté notamment par le président Miqueu qui lui vendra d’ailleurs sa maison de Sariac. Ceci fait encore dire aujourd’hui à l’intéressé qu’il habite le Magnoac grâce au rugby ! Georges Bascugnana, aujourd’hui président de l’amicale des délégués et arbitres de matchs d’Armagnac-Bigorre, est capitaine de l’équipe jusqu’en 1966 environ.

En 1963, le conseil d’administration du MFC est composé ainsi : Jean Lamort, président; Henri Lafitte, directeur du collège du Magnoac, et Jean de Bastard, vice-présidents; André Débat, secrétaire; Alain Soulé, secrétaire adjoint; Josette Dossat, trésorière; Félix Roux, trésorier adjoint; Jean Viguier et Jean Léaud, membres. D’autres dirigeants ou aides de dirigeants gravitent autour du club probablement mais les noms cités à l’instant sont les seuls à avoir été communiqués au Préfet des Hautes-Pyrénées.

Jean Lamort est donc le nouveau président du MFC Il est retraité de la fonction publique et habite Castelnau. Né à Reims le 9 mai 1907, Jean Lamort décède bien subitement à Castelnau-Magnoac le 8 mars 1970. Il ne verra donc malheureusement pas son club remporter le titre de champion de France 3e série, quelques semaines plus tard. Son épouse lui survivra de plusieurs années. Le couple habitait une maison de la rue de Recurt à Castelnau. Jean Lamort n’a pas été, dans sa jeunesse, licencié de rugby mais il aurait été boxeur.

Le baron Jean de Bastard succède à Jean Lamort en 1965. C’est à l’époque un jeune président de 33 ans. Il s’occupe aussi du Tennis Club. Il est issu d’une vieille famille de Castelnau-Magnoac bien connue. D’abord clerc de notaire, il est ensuite notaire dans une étude de Lannemezan. De nos jours, il est dirigeant du club de rugby de Tournay et il demeure à Peyraube, village voisin de ce charmant chef-lieu de canton. Durant ses saisons de présidence à Castelnau-Magnoac, Jean de Bastard habite Lourdes et rejoint le MFC le week-end. Plusieurs correspondances dactylographiées, adressées au comité Armagnac-Bigorre, laissent deviner un président soucieux de la bonne marche de son club. Le 6 octobre 1965, il écrit à la commission des arbitres pour leur suggérer de gérer différemment l’affectation des délégués et des arbitres dans les différentes rencontres de championnat. Il souhaite que le comité puisse missionner des arbitres ou des délégués pour des matchs se déroulant dans les localités les moins éloignées de leur domicile, dans la mesure du possible. Les petits clubs ne peuvent pas supporter des indemnités de déplacements trop importantes. Le 26 avril 1967, Jean de Bastard relate un fait pouvant sembler pittoresque aujourd’hui, mais qui est préjudiciable à l’époque.

Jean de Bastard rencontre, durant son mandat, une sérieuse difficulté au niveau des effectifs. Une missive du 27 septembre 1966, expédiée au comité, fait état d’une lacune de joueurs en équipe réserve. Nombreux sont effectivement les membres de cette équipe à être des élèves ou des professeurs de l’Institution scolaire de Garaison. M. de Bastard, un brin peiné, rédige : «le directeur du collège vient de nous écrire que pour différents motifs: travail, règlement intérieur, discipline, parents… il avait décidé que cette saison ni les professeurs ni les élèves ne participeraient le dimanche à nos rencontres de rugby (…) nous n’avons plus les moyens de former notre équipe réserve et nous sommes obligés de la déclarer forfait général». Selon une lettre datée du 28 août 1966, le directeur de Garaison Yves Laguillony, joueur au MFC jusqu’à cette date, est sollicité par ses obligations professionnelles et sa prise de recul ne lui permet pas d’établir une collaboration trop étroite entre son école et le MFC Voici ce qu’il écrit donc à la fin des grandes vacances de 1966 : « Je ne m’oppose pas à la participation de certains de nos élèves mais, comme pour le C.A.L., je tiens à décliner toute responsabilité et à garder mon entière liberté tant à votre égard qu’à celui des familles, il suffit que vous vous mettiez directement en relation avec les parents et que ces derniers attestent par écrit de l’accord intervenu entre vous ».

Cette époque de collaboration de Garaison est restée légendaire. Trois jeunes prêtres de l’Institution jouent, en effet, dans le club : les Pères Desmarets, Laguillony, Virelaude. Le père Yves Laguillony a souvent révélé combien sa hiérarchie ecclésiale ne voyait pas d’un bon œil cette situation. Avec le temps, la clémence était plus manifeste.

Alors que le MFC doit jouer un match à Rabastens contre Eauze, des joueurs du club ne se présentent pas et ceci handicape la composition de l’équipe si bien que le MFC déclare forfait. En réalité, les joueurs absents sont tombés en panne sur la route, en venant de Lourdes. La cause n’est connue que bien plus tard. Le téléphone mobile, dont nos contemporains sont tellement friands, n’existe pas en 1967 et nos pauvres joueurs ne peuvent pas prévenir instantanément.

ean de Bastard démissionne le 16 octobre 1967 car il est en désaccord avec un dirigeant qui ne souhaite pas faire l’effort, à priori, d’intégrer dans l’équipe fanion davantage de jeunes seniors.

Henri Cabos, le secrétaire, succède alors à Jean de Bastard au poste de président. Cette nomination ne surprend pas grand monde car Henri Cabos, que la plupart appellent « Gégène », est omniprésent au MFC depuis des années. Gégène a été joueur avant la guerre mais aussi aux lendemains de celle-ci. Il s’est ensuite fortement impliqué dans l’équipe dirigeante. Ce rôle de président, il l’assumera jusqu’en 1985 lui permettant ainsi de voir défiler sous ses yeux de nombreuses générations, toutes différentes. Quel rapport, en effet, entre les licenciés de 1967 et ceux des années 1980 ? Que de changements aussi au niveau de l’environnement sportif avec un terrain relooké, des tribunes reconstruites, un club house ressuscité… sans parler d’une nouvelle génération de dirigeants, différente de celle des Miqueu, Lamort, Ducuing, Roux, de Bastard…

Les premières années de présidence officielle de Gégène Cabos

En homme tenace et volontaire, Henri Cabos motive ses troupes pour que le club parvienne à gravir des marches vers la célébrité. Si, durant la saison 1969-1970, le MFC arrive au sommet de la gloire avec le titre suprême que nous connaissons, c’est bien par son action et, par ricochet, par la déterminations des dirigeants et joueurs qui forment , de plus en plus, une équipe soudée. C’est à cette époque qu’arrive au club le capitaine entraîneur Jean-Claude Couribaut, à la demande du président. C’est ne nouvel homme-clef du club qui va contribuer à créer une certaine osmose au sein de l’équipe. C’est un rassembleur, un capitaine tout simplement. En 1969, il propose aux joueurs et aux dirigeants de prendre la route de l’Angleterre pour un voyage de fin de saison. Cette sortie contribue beaucoup à renforcer l’esprit d’équipe et l’amitié du groupe. La sortie est avant tout un temps de distraction. On dispute aussi des matchs amicaux face à des Britanniques. Un film d’époque existe quand à cette grand excursion. Le mot « excursion » n’est pas trop fort pour les gens du Midi, souvent réputés pour leur attitude casanière ! Cette sortie en Angleterre a fortement influencé l’excellent état d’esprit du club pour la poursuite de son aventure.

Cette année 1969 est tristement célèbre ou rageusement célèbre en raison de la défaire essuyée par le club en championnat de France 4e série. La saison, brillante, voit le MFC sortir la tête haute du championnat Armagnac-Bigorre sans pour autant que celui-ci décroche un titre. Cependant, le MFC accède en compétition nationale avec des atouts certains. Un accident de parcours, impardonnable, se produit en huitièmes de finale. Les Bigourdans affrontent, à Auterive, Fleury d’Aude. LE match se solde par un score de 6 à 6 après prolongations. Les Audois sont déclarés vainqueurs car un essai leur est validé, essai lourdement contesté par le camps adverse et, apparemment (ou pour une fois) sans mauvaise foi. Le club stoppe son parcours avec une belle envie de revanche.

L’année suivante, en 1969-1970, c’est la montée en troisième série. L’équipe présente une solidité réelle pour aller plus loin sous la direction de Jean-Claude Couribaut. À l’issue de cette saison, le MFC décroche le titre de champion Armagnac-Bigorre 3e série. Nous sommes le 15 février 1970. nos protégés rencontrent Cazaubon (Gers). Score de 0 à 0 à la mi-temps. À la reprise deux blessés sont à déplorer chez les Pyrénéens tout particulièrement Roger Duran qui reçoit à la tête un coup de crampons. Une hospitalisation s’impose à Gabarret dans les Landes car il n’y a pas de médecins de garde à Cazaubon. Le jeu contre Cazaubon est lors handicapant pour les magnoacais qui gagnent cependant par 8 à 0. Maurice Abeillé marque un essai que Cazalès transforme, Jean-Claude Couribaut en marque un second et Magnoac se retrouve donc champion Armagnac-Bigorre avec une ouverture vers le championnat de France 3e série. Une confiance totale habite l’équipe et les nombreux supporters. On raconte qu’un voyante aurait prédit la gloire au MFC pour cette année 1970 avec la même manière dont certains matchs se dérouleraient et seraient acquis.

Quand à l’équipe réserve, elle est battue en 1970 par L’Isle-Jourdain en demi-finale Armagnac-Bigorre à Auch.

C’est aussi au cours de ces années-là que le club voit fleurir une équipe structurée de juniors. L’idée surgit en fait lors de la saison 1966-1967. Gérard Morère s’en souvient parfaitement. Il nous raconte cet épisode de la vie du club avec toute sa sensibilité que nous lui connaissons.

1970 ou le deuxième grand titre: MFC Champion de France 3e série

L’heure de la revanche sonne contre Fleury d’Aude

Le 22 mars 1970 à Eauze, MFC bat Castets-des-Landes par 3 à 0. C’est à la 25e minute que le troisième ligne Bernard Saves marque un essai en faveur du Magnoac. Le match de 16e remporté, c’est à Idron que se joue la rencontre en huitièmes de finale le 5 avril. Les magnoacais affrontent alors les basques d’Hasparren et les battent par 19 à 9. Le score se décompose ainsi: quatre essais dont deux transformés ainsi qu’un drop pour le MFC tandis que la formation d’Hasparren se contente d’un essai et de deux drops. Précisons qu’à cette époque, l’essai permet d’afficher trois points au planchot. Le match en quart de finale se déroule le 19 avril 1970 à Saverdun et là encore, le MFC ressort vainqueur face aux catalans de Ponteilla. Le score de 14 à 0 est sans appel pour les Catalans : trois essais de Jean Villeneuve, de Jean-Claude Couribau, de Maurice Abeillé. Un essai est transformé par Charles Dajas. Une pénalité est aussi marquée. Cette nouvelle victoire propulse le Magnoac en demi-finale face à Fleury d’Aude et là, les choses très sérieuses commencent. Le lieu de la rencontre est fixé à Daumazan-sur-Arize, dans l’Ariège.

«La demi-finale contre Fleury-d’Aude: tout Castelnau en parle» c’est ainsi que la « Dépêche du Midi » titre sa page sportive consacrée aux enjeux de la rencontre à venir. Sur ces admirables colonnes, le lecteur peut identifier aisément trois joueurs majeurs, interviewés dans leur labeur quotidien. De fait, il s’agit de la redoutable première ligne du moment. Le pilier gauche Paul Abadie, photographié à la descente de son inséparable tracteur, déclare: «la forme est là». Le talonneur Jean Villeneuve, son ami et voisin de Puntous, affirme que «ça va marcher» et qu’«il ne faut pas s’en faire». Et puis, le troisième personnage, à savoir le pilier droit Édouard Recurt, ne mâche pas ses mots: «ils vont passer à la moulinette ces Audois!». On ne peut que comprendre de tels propos en se rappelant le match perdu, la saison précédente, face aux mêmes Audois. Ceux-ci avaient éliminé Magnoac dans la course au championnat. Un litige était au cœur de cette défaite: un essai avait été accordé à Fleury. Selon bon nombre de spectateurs, Fleury n’aurait pas marqué d’une manière effective cet essai. Par conséquent, c’est dans un état d’esprit de revanche bien compréhensible que notre équipe s’apprête à jouer cette demi-finale, un an après cette défaite…

Cela aurait été plus savoureux d’affronter Fleury-d’Aude en finale.

La demi-finale suscite un engouement exceptionnel. Le Magnoac est dans un état des plus euphoriques avec, probablement, un brin d’anxiété, tant l’enjeu est de taille. Quelques témoignages, remarqués dans la presse de l’époque, permettent d’appréhender cette ambiance.

Le président Cabos, tout en servant un client à sa station-service, avec son franc-parler, déclare à la presse: «on devrait passer, on a trop envie de venger l’année dernière; et puis on a une belle équipe et un « cinq » de devant du tonnerre». Quant au couturier et dirigeant, M. Richard, voici ce qu’il exprime : «l’essai marqué par Fleury n’y était pas, l’an dernier; ma femme l’a vu et comme cette année, nous sommes meilleurs, on ne peut pas perdre». Félix Roux, facteur et secrétaire du club, emploie des mots concis mais fermes : «optimisme de rigueur les amis»! . L’ailier Maurice Abeillé, interrogé tout en chargeant un sac de maïs avec le boucher Louis Mendousse, dévoile qu’il a cessé de fumer depuis le match en seizièmes. Quant à Mme Abeillé, une des cuisinières du club, elle ne dit mot sur la demi-finale mais: «aujourd’hui, c’était mon tour et je crois que cette marmite a fait le tour de la ville» Par marmite, entendez celle utilisée pour la restauration des joueurs les soirs d’entraînements. Des filles ou des femmes préparent les repas des joueurs lors des entraînements comme, par exemple, Martine Delhoste, coiffeuse chez Louis Bougues, aujourd’hui bien connue à Campuzan !

Le match en demi-finale, le 26 avril, est une majestueuse victoire pour le Magnoac qui estampille 24 points alors que Fleury ne parvient pas à concrétiser, à marquer de points. Le capitaine entraîneur Jean-Claude Cauribot, Gérard Codinat et Maurice Abeillé marquent chacun un essai, respectivement à la 45e, 70e et 75e minute d’où neuf points. Alain Forestier marque deux drops d’où six points supplémentaires. Charles Dajas transforme les trois essais d’où encore six points. Et pour faire bonne mesure, ce dernier marque aussi une pénalité d’où trois autres points. En conclusion, nous obtenons bien les célèbres 24 points et surtout le passeport pour la finale. Cette belle victoire fait nettement oublier la défaite en 1969 du MFC face à Fleury. «Rira bien qui rira le dernier» !

La finale se prépare activement. Les quincailliers du village, M et Mme Jean Léaud, déclarent pour la Dépêche: «nous passons la journée à faire des banderoles!». Des guirlandes sont placées un peu partout au centre du bourg. Laurent Labat confie quelques jours avant la finale: il y a cinquante deux ans que je m’intéresse au rugby… et j’ai 77 ans mercredi prochain; oui, je jouais pilier: regardez le « chou-fleur » de mon oreille droite!». La fanfare communale prépare aussi cette finale en répétant des partitions sous la baguette de M. Liaut qui, pour la circonstance, reprend du service.

Une inoubliable sortie dominicale à Caussade

La finale, en championnat de France 3e série, se déroule dans le Tarn et Garonne à Caussade. Brive Olympique, l’équipe antagoniste, a bien noté la date sur son agenda et se présente donc au rendez-vous pour rencontrer les magnoacais. Certains jours, il vaudrait mieux rester couché. Pour les corréziens, cela aurait été plus profitable car, encore une fois, Magnoac va affirmer sa nette suprématie. C’est un pack magnoacais plus athlétique que celui de l’adversaire qui se déploie sans réserve. A noter aussi les excellentes performances des lignes arrières en fin de match. A la mi-temps, le score est de 3 à 0 en faveur du MFC, suite à une pénalité marquée par Charles Dajas. Après la reprise, Macias marque un essai et une vingtaine de minutes plus tard, Maurice Abeillé en offre un second à l’équipe.

Charles Dajas s’empresse de le transformer. Brive ne peut rien modifier au planchot et c’est sur un résultat de 11 à 0 pour Magnoac que la finale s’achève. À noter que Jean Villeneuve joue le match avec une côte cassée !

C’est bien réel : quarante cinq ans après le premier titre national, Magnoac devient champion de France 3e série ce 10 mai 1970 à Caussade. Ce 10 mai restera une grande date pour toute l’équipe et tout le Magnoac sportif. A plusieurs reprises, les anciens de 1970 se retrouveront ensemble pour vivre des temps d’amitié. En janvier 2000, les vétérans de 70 se rendront même en Guadeloupe chez Jean-Claude Couribaut et son épouse. Encore de nos jours, ces vétérans ont le cœur qui vibre à l’évocation de cette date. A chacun son 10 mai !

Dans les tribunes de Caussade, plusieurs vétérans, champions de France en 1925, encore vivants, sont présents notamment messieurs Menvielle, Ozon, Delpech, Thaule, Aspect, Belon. Pour l’anecdote, vers la fin du match et sentant que la victoire suprême a sonné, le président appelle sa fille sous les banderoles. Ceux qui sont restés à la maison attendent, avec une certaine angoisse, les résultats. Dès 16h30, ils collent leurs oreilles au poste de radio. C’est M. le curé de Castelnau qui entend le premier la bonne nouvelle. Sans attendre, il court sonner les cloches. A Caussade, la fin du match est des plus heureuses pour les supporters et les joueurs. Cette victoire logique vient récompenser les efforts d’une brillante équipe. Les pancartes envahissent alors le stade dans une ambiance qu’il faut vivre pour décrire. Préparées la veille ou peut-être quelques jours auparavant, ces banderoles louent une équipe des plus valeureuses et expriment l’indescriptible joie des supporters. Le MFC a atteint de très hauts sommets de gloire. Il faudra attendre 1995 pour décrocher à nouveau un troisième titre national, cette fois-ci dans l’échelon honneur.

Le retour en Magnoac est triomphal. Concert de klaxons, musiques, ruée humaine dans les rues du bourg: les quinze héros sont accueillis dans la liesse. Le maire et conseiller général Robert Sabathier s’empresse de faire signer tous les joueurs vainqueurs ainsi que le président sur le registre des délibérations municipales. Commence alors à Castelnau une de ses nuits les plus belles !

Vers les hauteurs des cimes : 1970 – 1995

Le titre suprême de 1970 conduit réellement le MFC à cultiver plus que jamais ses ambitions. La longue et mythique époque du président Gégène Cabos s’ouvre maintenant devant nous. Elle se caractérise bien par un solide désir d’accession à l’étage fédéral. L’attente dure neuf ans…

Les années 1970 ou la conquête de l’échelon fédéral

Deux saisons en 2e série : 1970-1972

Les années 1970 forment une période assez homogène pour le MFC car son aventure est celle d’une course ambitieuse vers l’accession en fédérale 3. Cette décennie est centrale dans l’Histoire du club. C’est la décennie qui peut se caractériser par un passage à la vitesse supérieure. Ce passage est conforté par la brillante victoire en championnat de France. Ce titre permet d’abord au « Magnoac Football Club » d’accéder en 2e série.

Lors de la saison 1971-1972, le club se qualifie pour les phases finales et parvient même à décrocher le titre de champion Armagnac Bigorre 2e série. Ce nouvel exploit date du 20 février 1972. Marciac est battu par 12 à 6. Le capitaine de l’équipe fanion est toujours Édouard Recurt, présent au sein de cette dernière depuis 1961. C’est à Lannemezan qu’il a débuté sa carrière rugbystique. Mais son arrivée en Magnoac est marquée, en 1962, par un grave accident de la circulation. Trois années durant, il ne joue pas. En 1970 comme en 1972, il s’impose sur les terrains, une manière de prendre une certaine revanche. Après le titre régional, le club dispute le championnat de France. Edouard Recurt déclare: «c’est avec une confiance inébranlable que nous allons affronter des équipes qui nous sont totalement inconnues; l’équipe dont j’ai la responsabilité est bonne et les éléments qui la composent actuellement joueront tous les matches; si nous perdons, ce ne sera pas sans combat; notre but est d’arriver en finale et d’être une deuxième fois sacrés champions de France».

Hélas, la belle performance de 1970 en championnat de France ne se reproduit pas. Le match en trente-deuxièmes de finale de deuxième série, voit la victoire du MFC sur l’A.S.P.T.T. de Bordeaux à Villeneuve de Marsan. Score: 19 à 3. En revanche, le match en seizièmes élimine Magnoac de la course. Ce match se déroule à l’Isle-en-Dodon dans le Comminges. Auterive écrase littéralement les « rouge et blanc  » par 28 à 6. Les Pyrénéens se contentent d’un but de pénalité, imputable à Maurice Lacrampe, et d’un drop de Bernard Mengelle.

L’assemblée générale qui suit de peu ce titre régional se déroule à la mairie de Castelnau. Henri Cabos est réélu président. Dans son rapport moral, il exprime sa satisfaction quant aux résultats de la saison. L’équipe fanion a brillé par son parcours. Mais, il convient aussi de dire que la réserve s’est également illustrée en remportant le titre Armagnac-Bigorre. Le compte-rendu de la réunion plénière nous apprend que le nouvel entraîneur – capitaine est Claude Garros. La liste des dirigeants est la suivante : le docteur Le Coroller, Henri Cabos, Marcel Denjan, Louis Abeillé, Richard Loesch, Louis Mendousse, Marc Lorenzi, Hector Zanatta, Pierre Fontan, Jean Schwarz, Roland Castet, Aimé Ferrère, Maurice Dubosc, Jean-François Campistron, Pierre Cabos.

Quatre saisons en 1e série : 1972-1976

Les « rouge et blanc » montent quand même en 1ere série. Il faut patienter jusqu’en 1976 pour gravir l’échelon supérieur c’est-à-dire, l’honneur. La promotion honneur n’existe pas encore. Le MFC arrive en demi-finale de championnat de France 1ere série mais essuie une défaite en demi-finale face à Navarrenx.

Lors du championnat de France, Jean-Pierre Péguilhan, employé de coopérative, organise les longs déplacements des supporters. C’est tout particulièrement le cas en 1976 lors du périple à Annonay, localité située au sud de Lyon, à l’occasion du match MFC-Hayange. Jean-Pierre Péguilhan, supporter, se souvient : «nous sommes arrivés à Annonay vers midi car le match devait se jouer à 15h ; or, le stade n’était pas prêt et l’herbe encore moins taillée». Et d’ajouter avec le sourire : «devant tous les spectateurs, le préposé à la tondeuse est arrivé pour couper l’herbe mais au lieu de la rejeter sur la surface taillée, il la rejetait sur celle où il n’était pas encore passé ».

En 1979, le club est de nouveau champion Armagnac-Bigorre Honneur en battant Nogaro. Il monte enfin en 3e division mais est éliminé en championnat de France par Linxe et ce, en quarts de finale. L’année suivante, c’est encore une nouvelle montée qui enthousiasme le club puisqu’il parvient à trouver sa place en 2e division. C’est la montée suprême, le niveau de classement le plus élevé depuis les origines jusqu’à nos jours.

Claude Tajan pratique d’abord le basket dans son village de Monléon. Mais le capitaine Couribaut le jugeant trop bagarreur pour ce sport, il l’invite à rejoindre le club de rugby à Castelnau. Il se charge même de le véhiculer aux entraînements puisqu’il descend depuis Lannemezan au volant de sa 204 break, précisons de couleur «bleue ciel».

Les années 1970 ne peuvent pas être évoquées sans rappeler que, lors des veilles de rencontres importantes, les joueurs sont invités, pour ne pas dire contraints, de dormir dans les dortoirs de l’Institution scolaire de Notre Dame de Garaison, à une dizaine de kilomètres de Castelnau. Une vie, un brin monacale, ne peut pas leur faire de mal, discipline oblige! Le problème réside dans le fait qu’aux dortoirs de Garaison, les joueurs ne sont pas tous obéissants ou fatigués. Le week-end, les surveillants ne sont pas présents et les batailles de polochons vont bon train. Que ceux qui ne le croient pas, en lisant ces propos, demandent à Théo, le correspondant actuel de « La Dépêche », de leur sortir certains films amateurs de l’époque! Bernard Louge fait partie des derniers joueurs, dans les années 1983-1984, à avoir passé ces fameuses nuits d’avant matchs à Garaison. D’ailleurs, Bernard se rappelle d’une anecdote pleine de poésie qu’il est intéressant de rappeler à présent. Le MFC vient de passer une nuit à Garaison avant d’entamer un dimanche rugbystique. Au petit déjeuner, Alain Castillo s’exclame en roulant les «r» : « Qu’est-ce qu’il est tombé comme eau cette nuit ! Quelle journée que l’on va passer encore! Quelle pluie! « Quina hangua », brrrrr!!! ». De fait, notre avisé météorologue du moment vient de passer sa nuit au creux d’un lit jouxtant la fontaine historique du sanctuaire…

L’époque federale: 1979 -1987

La première saison du club en 3e division : 1979-1980

Si l’éventuelle montée en deuxième division est saluée par tous, les supporters ont des avis partagés quant à la suite des évènements. Antonin Corrégé, par exemple, se dit «très satisfait du comportement de l’équipe en troisième division» et «estime que la montée en deuxième division serait une récompense pour les joueurs et les dirigeants» mais il garde une réserve quant à l’évolution de l’équipe à ce stade du championnat. L’ancien joueur Marcel Dupin est plus tranchant dans ses propos: «Non! Restons en troisième division; si on perd tous les matches, le public va se lasser». Pierre Lannes formule le jugement suivant: «c’est une belle aventure mais elle comporte une inconnue, ce sera certainement plus difficile». Le quincaillier de Castelnau Jean Léaud estime qu’il «faut aller jusqu’au bout, bien sûr mais qu’il faut voir les choses en face».

La grande saison en 2e division: 1980-1981

Au début de la saison 1980-1981, le conseil d’administration du club est constitué de la manière suivante : Henri Cabos à la présidence, François Baqué et Jean Vidou à la vice-présidence, Alain Maratzu à la trésorerie, Paul Cabos au secrétariat, Pierre Lannes, Henri Olivier, Louis Abeillé, Paul Cottabaren, Hector Zanatta, Pierre Fontan, Jean-Paul Lapeyre, Marcel Campanini, Jean-Pierre Margaix, Daniel Babie, André Navarre, Roland Montéan, Lucien Sabathé, Bernard Castets. Du côté des joueurs recrutés, citons notamment Michel Escala, Xavier Corbel, C Ballarin, Augé Duffor, Henri Christophe, Fargès, Claude Touzanne, Lacaze, Guy Batmalle, Degouat tandis que l’entraîneur n’est autre qu’André Lahaille, aidé par Christian Ballarin, professeur d’éducation physique. Des joueurs comme Maurice Lacrampe, qui fut l’un des artisans de la montée en troisième division, Michel Nograbat, Thierry Belzunce, Jean-Louis Renaud, Christian Dossat, Maurice Abeillé, Roland Théodolin, Jean-Pierre Cabos, Daniel Clarens, Dominique Trotta, Guy Dupeyron, Antoine Larraz sortent du club soit pour en intégrer un autre soit pour stopper leur carrière rugbystique.

L’automne 1980 est marqué par un «grand rassemblement des amis du MFC» sous la halle de Castelnau. Cette fête se déroule le samedi 22 novembre. Les actuels et anciens joueurs sont invités. Le point culminant de cette rencontre est la présence des aînés de 1925 qui sont encore vivants, de ceux qui reconstruisirent le club aux lendemains de la guerre, de ceux qui furent champions en 1970 ou qui le furent plus récemment. Plusieurs médailles sont décernées à certains joueurs. Environ 250 personnes participent à la soirée.

La saison débute en douceur. Les entraînements commencent plutôt tardivement en raison des obligations professionnelles des joueurs qui, pour la plupart, sont agriculteurs. Après le challenge dit de «l’Essor», le coup d’envoi du championnat est sifflé le 5 octobre 1980. Saint-Gaudens vient perdre en terre magnoacaise. Pourtant, la première période de jeu semble tourner à l’avantage des visiteurs qui, à la mi-temps, mènent 6 à 3. Au final, le vent tourne en faveur des locaux: grâce à un essai transformé d’Alain Castillo et une pénalité d’Armand Baron, ils gagnent cette première rencontre officielle en 2e série. Dédé Lahaille déploie tout son savoir-faire dans ce match et fait preuve d’une capacité à rassembler son équipe.

Le dimanche suivant, Magnoac est en déplacement à Mauvezin et à ce moment là, les choses se gâtent. Les gersois avec leur excellente première ligne affirment leur domination devant un Magnoac timoré. Score final : 36 à 7. Le 19 octobre, Magnoac se ressaisie et bat Tournay. A Tarascon, c’est de nouveau la défaite tout comme face à Lavelanet ou St-Lary. Une autre défaite est vécue lors de la venue de Gimont le 30 novembre 1980 tandis que le terrain est recouvert d’un blanc linceul et qu’une tempête de vent et de neige frappe la région.

Avec le match MFC – Saverdun, les locaux retrouvent une certaine sérénité. Armand Baron et Michel Luscan marquent deux pénalités d’où le score de 6 à 0. C’est à St Girons que se conclue la phase aller avec une défaite prévisible pour Magnoac, les antagonistes étant d’un niveau bien supérieur. La phase retour se dessine de la manière suivante: une défaite face à St-Gaudens, une victoire sur Mauvezin, un match nul face à Tournay qui permet d’assurer ses arrières pour la fin de saison. A la fin de ce match décisif, Gégène Cabos, heureux de constater que la saison semble sauvée, embrasse Dédé Lahaille et lui dit: «Tu as été le roi, Dédé». L’intéressé de répondre: «Je suis heureux, nous méritons le nul et même, en première mi-temps, nous aurions pu faire la différence, enfin, nous avons joué sérieux, surtout dans l’occupation du terrain; nous nous sommes battus pour Roland.» Roland, c’est le talonneur Sabathier, blessé pendant le match. Et le dimanche suivant, à Tarascon, nos locaux battent l’équipe qui les accueille. Il semble alors que toutes les espérances sont vraiment permises. Le 14 janvier 1981 et le 16 janvier, la « Nouvelle République des Pyrénées » et son correspondant Pierre Villers proposent un reportage d’ampleur sur l’équipe fanion du MFC Ce très intéressant dossier présente chaque joueur: son identité, son métier, sa place au sein de l’équipe fanion.

Le 25 janvier 1980, sur le terrain de Lavalanet en Ariège, Magnoac s’incline par 44 à 6. Une nouvelle défaite se reproduit face à St-Lary puis face à Gimont. A l’occasion de l’avant dernier match contre Saverdun, Magnoac se ressaisie et ramène une victoire. Enfin, pour le dernier match des phases éliminatoires, le MFC remporte une ultime victoire et se maintient donc en 2e division. L’aboutissement de la saison est donc plutôt convenable eu égard à cette situation toute nouvelle pour le club. En effet, c’est la première année dans son histoire que le MFC évolue en deuxième division parmi des équipes d’un niveau élevé. Hélas, une grave sanction oblige une rétrogradation en niveau inférieur, en troisième division. Selon les règlements de la F.F.R., le fait de déclarer forfait dans le cadre du championnat des juniors en Coupe René Crabos entraîne une descente. Malheureusement, le 4 janvier et le 14 mars 1981, les juniors ne jouent pas les rencontres qui doivent les opposer à leurs homologues de St Girons. La sanction est sans appel. Le MFC retrouve par conséquent son niveau de 1979. La déception est grande pour les seniors qui, durant toute la saison, ont donné beaucoup de leur personne avec leur entraîneur Dédé Lahaille.

Les juniors ne sont pas suffisamment nombreux ce qui pose parfois des difficultés dans la composition de l’équipe. C’est pour une telle raison que le club déclare forfait à deux reprises. En revanche, les cadets font preuve de vaillance. Cette année-là, j’ai pu relever les noms d’adolescents suivants, licenciés en catégorie « cadets » : Pierre Labat, Cartier, Didier Salles, Castro, Laborie, Fourgues, Soulé, Escoubas, Minvielle, Vrillau, Jean-Luc Baqué, Collongues, Burgan, Lacaze, Fis.

Les six années consécutives en 3e division : 1981-1987

Le Yo-Yo rouge et blanc: 1987-1995

L’excellente saison 1994-1995

C’est au début de la saison 1994-1995 que René Despaux, ancien joueur reconnu et ancien président, inaugure sa célèbre chronique rugbystique dans les « Collines du Magnoac », mensuel d’informations locales, plus précisément au sein du centième numéro. De cette date à celle d’aujourd’hui (et jusqu’à celle de demain), chaque match a été décortiqué, présenté souvent avec humour, parfois accompagné d’encouragements ou de conseils lorsque la malchance s’acharnait. Le premier article de René Despaux présente l’équipe de début de saison. «Aujourd’hui, nous présentons les joueurs de l’équipe première: Castets de Cizos (un marioum), les frères Louges de Monléon, J.Théodolin, Hugues Cabos, les frères Desbets, C. Boyer de Castelnau, Galès de Laran, Rousse de Cizos, Castex de Tajan (auto-école), Prat de Recurt, Duprat de Lassales, Souverville d’Arné, Liaut de Monléon (un petit Sambat), Moulié d’Ariès, Recurt de Monlaur, Lalanne de St-Elix, Ruffat de Bonnefont, Portal de Galan, Zanon de Cantaous et les recrues: les frères Ricaud à la demi-sanquette d’Arné, Jugniaux de St-Gaudens, Déro de Tarbes (fils de l’entraîneur, Duclos de Tarbes, Sernin de Tarbes, Abadie de Campan, Cordova de Lannemezan, Estaque de St-Lary, Abadie de Capvern, Garneiro de Mirande» Puis: «les entraîneurs sont Déro et Carruesco, deux anciens joueurs de Castelnau. Le prochain numéro vous présentera les équipes réserve et junior, qui vivent parfois quelques instants de bonheur en remplaçant les titulaires de la première.»

La saison débute en championnat honneur par une première victoire à l’extérieur, à Juillan. Autre victoire sur Tournay puis défaite dans les Baronnies. Nouvelles victoires successives face à Lectoure, Vic-Fezensac, Ibos, Trie. Évidemment, dans ces conditions, Magnoac se retrouve premier de la poule à l’issue des matches aller. Et l’on continue sur le même refrain pour la phase retour: victoire sur Juillan, Tournay, défaite face aux Baronnies à la maison, reprise et victoires face à Lectoure, Vic-Fezensac, Ibos (par 79 à 0), défaite face à Trie. Naturellement, Magnoac se retrouve qualifié haut la main pour les phases finales puis pour les demi-finales du championnat. Celles-ci opposent Mirande au MFC et les Baronnies à Plaisance du Gers. Mirande est battu par 6 à 3. Se retrouvent finalistes: Plaisance et Magnoac. Le match, comme le veut la tradition, se déroule dans une des capitales du comité, dans notre cas à Auch au stade du Moulias. L’émotion est totale. Quelques permutations de joueurs à des postes clefs sont opérées. Un bon élément de l’équipe ne joue pas car blessé: il s’agit de Laurent Desbets. Le match voit la victoire des nôtres. A 18 heures, ce 9 avril 1995, Magnoac est champion Armagnac-Bigorre Honneur. Les portes du championnat de France s’ouvrent maintenant toutes grandes. C’est une bonne équipe qui évolue donc positivement durant toute la saison et qui sait se nourrir d’une certaine confiance. C’est bien connu: les bons résultats appellent les bons résultats.

1995 ou le troisième grand titre: MFC Champion de France Honneur

Une ascension sans faute vers la finale en championnat de France Honneur

C’est une ascension sans faute qui va mener le MFC vers la victoire suprême et donc vers le titre de champion de France Honneur. En quelques mots, rappelons les évènements en amont. En trente-deuxièmes de finale, MFC bat Saint-Affrique par 48 à 12 puis, en seizièmes, bat Salies-de-Béarn par 14 à 3. En huitièmes, le 21 mai 1995, MFC bat Coursan par 15 à 13 à Larroque d’Olmes. En quarts, MFC décroche une victoire sur Dreux par 19 à 14. Nous sommes le 28 mai 1995, jour béni pour le capitaine Michel Castex qui fête ses trente ans. Le match se joue à Rouillac en Charente. Le 4 juin 1995, c’est alors la demi-finale en championnat de France où Magnoac arrache à Mauvezin, dans le Gers, une nouvelle victoire sur Luzech par 20 à 9. Pour ce match, avant la mi-temps, on note trois essais de Thierry Duclos, un d’Eric Abadie, une transformation de Jérôme Théodolin et, à la reprise, un essai de toute beauté, planté par Jean-Luc Gales puis une pénalité de Jérôme Théodolin. Le score final de 20 à 9 pour Magnoac reste sans appel pour Luzech et propulse le MFC en finale le dimanche suivant.

Après cette célèbre finale, René Despaux écrira dans «Les Collines du Magnoac»: «le 11 juin, presque tout le Magnoac sportif a traversé le Comminges pour arriver en pays Cathare». Avec ces quelques mots, tout est dit sur l’ambiance suscitée au sein du canton de Castelnau par cette victoire historique en demi-finale face à Luzech et qui propulse Magnoac vers les hauteurs des cimes. La finale se déroule le dimanche suivant, 11 juin 1995, à Foix face à Nissan, club de l’Hérault. Les supporters font le déplacement en grand nombre et en musique puisque la fanfare cantonale, les célèbres «Enfants du Magnoac», est de la partie. Depuis fort longtemps, celle-ci est d’ailleurs la fidèle accompagnatrice des grandes heures magnoacaises.

Le 11 juin 1995 ou l’apothéose

Comme partout en France, ce 11 juin est aussi la journée où se déroulent les élections municipales. A Castelnau-Magnoac, les affaires électorales ne permettent pas à tous de se déplacer à Foix. Le match de la finale se déroule dans un climat stressant car, bien sûr, l’enjeu tue le jeu. Conséquence: une défense particulièrement rude s’instaure chez les deux antagonistes mais le MFC arrache finalement la victoire après prolongations. Jérôme Théodolin marque deux pénalités et Frédéric Portal en marque une tandis que, pour Nissan, Cossia signe deux pénalités d’où le résultat de 9 à 6. Le match s’arrête sur un malheureux et condamnable incident: des joueurs de Nissan s’en prennent violemment à l’arbitre Philippe Larbalétrier qui regagne les vestiaires en sang. Le pauvre malheureux, victime d’un malaise, est hospitalisé. Nissan sera sanctionné bien légitimement. Magnoac, heureux, s’empresse de recevoir le bouclier de Brennus que brandissent fièrement Michel Castex et ses coéquipiers sous les yeux de la télévision. Inutile de décrire l’euphorie soulevée chez les supporters, les entraîneurs Jean-Louis Carruesco et Jean-Michel Déro, les dirigeants, le président Édouard Desbets. La plupart des champions de 1970 sont présents sauf Jean-Claude Couribaut, expatrié en Guadeloupe. Roland Théodolin, vainqueur de 70, papa de Jérôme, lui aussi à présent champion de France, rapporte l’anecdote suivante: «Hugues Cabos, en larmes, tombe dans les bras de Gégène, son papy, en lui disant: «merci papy d’être venu»! Ce geste symbolique en dit long…

Voici la liste des quinze joueurs du MFC, champion de France Honneur 1995 : Jérôme Théodolin, Jean-Luc Galès, Alain Recurt, Hugues Cabos, Frédéric Portal, Duclos, Estaque, Christophe Boyer, Eric Abadie, Bernard Louges, Gilles Prat, Michel Castex, Daniel Ruffat, Christophe et Philippe Ricaud. Les remplaçants qui sont rentrés sur le terrain sont les suivants : Castets et Yannick Déro.

Michel Castex, le capitaine de l’équipe « rouge et blanc », nous livre aujourd’hui ses impressions et ses souvenirs à propos de cette illustre saison et de cette mémorable journée de finale.

Le retour du match à Foix est particulièrement agité. On s’en doute naturellement. Le bus des joueurs, conduit par Léon Abadie, précède celui des supporters qu’Alain Dupuy pilote. Aujourd’hui encore, celui-ci se rappelle de l’ambiance folle : arrêts fréquents pour pallier aux inconvénients de la déshydratation, traversée glorieuse de Boulogne-sur-Gesse avec les ovations des habitants… Le bus d’Alain séjourne plusieurs jours à Castelnau à l’instar de l’euphorie générale qui, elle aussi, s’empare durablement de la grande famille rugbystique. Peu avant vingt heures, les premières voitures des supporters entrent dans Castelnau mais l’essentiel du cortège fait son apparition vers vingt deux heures. Le maire Pierre Dupont proclame les résultats des élections et annonce forcément, dans la foulée, la victoire des « rouge et blanc » aux habitants n’ayant pas effectué le déplacement. La fête éclate : klaxons, acclamations, cohue générale, tour de la ville, bal animé par la disco de Pierre Lannes… Un premier tracteur conduit par Thierry Ravelli tire la remorque où s’est nichée la fanfare du Magnoac qui joue sans interruption. Un second tracteur, conduit par Pierre-Yves Georges, tire celle où sont montés les joueurs. Bref une semaine épique et féerique s’ouvre pour le club !

Le témoignage de Michel Castex, «le 11 juin 1995, j’étais capitaine»

Après un bon recrutement, la saison 1993-1994 était l’année de tous les espoirs. L’équipe une se retrouvait classée première de poule à l’issue des phases qualificatives et était considérée comme favorite du barrage contre Adé à Capvern. Nous devions cependant nous incliner d’où une grande déception. Les joueurs, conscients d’être passé à côté de quelque chose, prenaient alors une décision commune, lors de l’assemblée générale: celle de rester unis pour la saison suivante. A l’inverse de 93-94, la saison 94-95 fut difficile car tous les clubs avaient plus ou moins recruté. Malgré tout, nous sommes arrivés à décrocher le billet de qualification contre Mirande à Trie. Heureusement, la chance était du côté du MFC car le buteur Mirandais ne trouva jamais le chemin des poteaux ce qui facilita l’obtention d’une place en finale à Auch contre Plaisance.

La grande aventure commença par la foulée sur la pelouse du Moulias où, en bon capitaine, j’allais faire le toast sous ces tribunes dignes d’un haut niveau et sous lesquelles tous les joueurs rêvent un jour de se changer. Au bout de 80 minutes, devant une grande équipe de Plaisance, à l’image de son capitaine Ducousseau, et devant une marre de supporters « rouge et blanc » nous brandissions le bouclier Armagnac-Bigorre Honneur. Jean-Louis Carruesco l’avait précisé: «si l’on gagne la finale, je me les coupe». Pari accompli, promesse tenue: c’est moi-même qui lui coupa sa moustache.

La montée: quant on est vainqueur, on en veut toujours plus et, déjà, il fallait penser aux 32e contre St-Affrique en match aller-retour qui, en plus de la victoire, aura permis de vivre l’une des plus belles réceptions dans les caves de Roquefort. Les 16e de finale contre Salies-de-Béarn ne causèrent pas de problèmes particuliers. Les 8e de finale contre Coursan voyaient, à la dernière minute, Gilles Prat (dit « le turc ») asséner un coup de poing à un adversaire d’où une pénalité en face des poteaux, laquelle aurait pu stopper éventuellement notre course. Mais comme nous le répétait Jean-Louis Carruesco, «les anges sont avec nous» et, en effet, ils dévièrent la trajectoire du ballon. Le match en quart de finale contre Dreux se passait à Rouillac. Ce fut un grand voyage avec un départ le samedi pour l’Hôtel. Quel plaisir! Deux cars de supporters en déplacement et nous voilà à l’assaut d’une victoire supplémentaire! La demi-finale avait lieu à Mauvezin contre Luzech. La bataille fut acharnée pendant les dix premières minutes: «quand ça tient devant, les gazelles s’en vont». Merci aux Estaques, Abadie, Gales… etc… De là, place à l’apothéose: la finale était prévue à Foix contre Nissan. Et ce fut reparti comme précédemment avec l’Hôtel, le décrassage, le petit déjeuner… La nuit du samedi fut calme excepté dans la chambre de Ricaud, Ruffat et Borrel où quelques bruits de bouteilles retentissaient dans les couloirs. Mais Jean-Michel Déro, en bon gendarme, fit respecter le couvre-feu.

Le dimanche, sous les applaudissements des supporters et la banda de Castelnau, et après les prolongations, l’ancien Maxou passa le premier pour aller chercher le bouclier de Brennus sous la menace des supporters et joueurs de Nissan. Les arbitres connurent un sale quart d’heure. Le Magnoac se retrouva en folie. Au retour, la place du marché de Castelnau fut envahie par la population cantonale. C’est avec l’aide d’un char attelé à un tracteur que les champions du pays défilèrent dans le bourg avant d’entamer une grande nuit d’ivresse inoubliable. Comme tous les autres dimanches, la cravate du président ne résista pas à mon impérieuse envie de la sectionner. Une page du Magnoac était écrite. Merci à tous mes co-équipiers du moment! A l’issue de l’écriture de ce témoignage, ma pensée se tourne vers Boboy.

Sur les chemins de demain : 1995 à 2008

Après la victoire en championnat de France Honneur du 11 juin 1995, le MFC va traverser quatre années laborieuses, quatre années durant lesquelles trois présidents vont se succéder afin de pérenniser le club. Alors que celui-ci doit inévitablement adopter une grave décision concernant son propre avenir, un personnage atypique fait son entrée sur le terrain à l’été 1999.

Après la victoire, les années de transition : 1995-1999

La courte période en 3e division: 1995-1997

Le 7 juillet 1995, l’assemblée générale du club permet de faire le point sur la saison 1994-1995, une saison des plus passionnées. Cependant, la réalité s’annonce exigeante pour l’avenir. Le MFC, désormais monté en troisième division, doit faire un effort particulier de recrutement même si les départs sont peu importants. Pierre Labat et Michel Soulé, par exemple, reviennent au club pour étoffer les lignes arrières. Jacques Davy succède aux entraîneurs Jean-Louis Carruesco et Jean-Michel Déro. L’équipe dirigeante reste globalement la même.

La saison commence plutôt bien avec des victoires sur les Ariégeois de Mazères (31 à 0), sur Lézat (10 à 8), sur Muret (46 à 5) mais la difficulté d’une compétition en troisième division commence à se faire ressentir lors du match joué le 23 octobre 1995 à Auterive où Magnoac est battu par 29 à 15. Le match retour face à Auterive, serré, se joue à Castelnau. Nos locaux le perdent de peu. Et pourtant, menés par 16 à 14, Frédéric Portal marque une pénalité de dernière minute mais l’arbitre la retourne en raison de malheureuses paroles. L’équipe fanion ne parvient pas à se qualifier mais évite une descente au niveau inférieur. Par contre, l’équipe réserve loupe d’un fil la qualification. Lassés et épuisés, peut-être, par tout ce qu’il a donné depuis des années, la quasi-totalité du bureau du MFC démissionne lors de l’assemblée générale du 12 avril 1996: le président Edouard Desbets, ses adjoints Pierre Cabos et Jean Vidou, la secrétaire Danielle Lacaze, Michel Vignes, Albert Mac, Francis Richard, Régine Menvielle. Le trésorier Roger Duprat reste au club. Ces regrettables départs mettent fin à cinq années vécues par une solide équipe bénévole qui aurait mérité d’être plus étoffée mais qui restera comme l’équipe dirigeante du titre suprême de 1995. Ils méritent nos félicitations. Mais comme le dit l’autre, «Le Magnoac est bâti sur pierre, le Magnoac ne périra pas».

Par conséquent, une nouvelle équipe entre en fonction le 25 mai 1996 avec Maurice Verdier en tant que président. Il convient d’ajouter, comme pour son successeur Lucien Lages : « président sauveur ». Maurice Verdier a, dans sa jeunesse, joué quelques saisons au MFC mais aussi dans d’autres clubs. On a beaucoup qualifié cette période 1995-1999 comme celle d’une transition difficile pour le MFC Maurice Verdier et ses collaborateurs ont cependant eu le mérite de poursuivre l’aventure.

Le nouveau président, né en 1945, est commandant de police nationale. Il sait imposer une certaine rigueur de fonctionnement. Gérard Morère et François Baqué sont désignés vice-présidents, Roger Duprat cède son fauteuil de financier à Siegfried de Molina pour occuper celui de secrétaire général. Léon Abadie, Christiane Lacaze, Joao Docarmo, Étienne Dias, Didier Boyer, Robert Fontan sont aussi dirigeants. L’école de rugby est encadrée par Georges Abadie, Thierry Duprat, Marc Ganchegui. Quant à Michel Luscan et Eric Matha, ils sont chargés des seniors tandis que Claude Tajan est désigné conseiller technique. Maurice Verdier met en route un comité d’anciens pour souder la vie du club. Louis Abeillé en est le président. M. Verdier se voit aussi contraint de sortir le club d’une affaire judiciaire antérieure suite à un incident survenu à Mazères (Ariège) entre des juniors de ce club et ceux du MFC De nouveaux joueurs entrent au club, malgré de très nombreux départs, notamment plusieurs joueurs qui du C.A.L. mutent vers Castelnau, par exemple Pascal Baqué, Frédéric Da Poïan, Lionel Tapie… Un certain esprit de convivialité est entretenu avec la livraison de repas que l’Hôtel Dupont prépare. Pour obtenir des financements, des bals sont organisés.

Le MFC, classé 5e vers la fin octobre 1996, laisse sa porte ouverte sur des espérances. Hélas, les espoirs s’envolent avec l’entrée dans le nouveau millésime et Magnoac termine sa saison lors d’un match épique contre Tournay. Magnoac, mal classé, est relégué à l’échelon honneur. Peu de changements s’opèrent au sein du bureau en 1997 si ce n’est l’arrivée d’Odile Maupomé au secrétariat et la nomination de Gérard Morère en qualité de co-président. Une grande commission intendance se met en place pour la préparation du terrain et pour celle du club house…: Léon Abadie, Roger Abadie ou Gégé le coiffeur, Pierre Biron, Didier Boyer, Serge Cabos, Guy Darignac, Étienne Dias, Robert Fontan, André Lagleyze, Gérard Lille, Bernard Millet, Joël Puisségur. Il y a toujours eu des dirigeants chargés de l’intendance, cela est une évidence, mais un effort de recrutement tout particulier pour ce service est accompli. De nombreux dirigeants: cela laisserait à penser que tout ne va pas si mal jusqu’à ce jour du 10 juillet 1997 où… «La Semaine des Pyrénées» accorde une interview au président Verdier. Elle titre le compte rendu : «Le rugby en Magnoac, à nouveau en danger? Maurice Verdier dénonce ».

Les crises de trop

Des informations, dignes des scoops à sensation, sont publiées dans « La Semaine des Pyrénées »notamment sur le fait que dix sept joueurs quittent le club pour en rejoindre d’autres. Pour Maurice Verdier, il y a une explication : la manipulation ! Voici comment le journaliste a retranscrit les propos du président : «Je dénonce l’attitude du directeur sportif du … (club du département) qui a répandu et exploité de fausses rumeurs sur la disparition du Magnoac F.C. pour garder ou faire fuir des joueurs et qui est intervenu auprès de certains employeurs pour revendiquer la paternité des embauches; je dénonce l’opération de déstabilisation menée à Magnoac qui s’est traduite l’an dernier par la démission de la quasi-totalité des dirigeants pour des raisons extra sportives et par le départ de 14 joueurs de l’équipe première; cette année une seconde opération de déstabilisation (…) a consisté à répandre de fausses nouvelles(…) pour susciter des démissions». Et, la tête haute, Maurice Verdier déclare: «Il faut donc mettre fin au rôle néfaste des minorités agissantes qui se moquent de l’intérêt général; (…) par respect pour ceux qui sont restés, nous continuerons donc à nous battre cette saison».

Quinze jours plus tard, l’affaire connaît un nouveau retentissement : le même journal informe de la démission de l’entraîneur Pascal Bacqué. Cette fois-ci, le co-président Gérard Morère s’exprime: «Je suis particulièrement peiné de la démission de Pascal Bacqué qui était l’homme clef pour la reconstruction du club mais on comprend qu’il ait été touché par les nombreux départs de joueurs». Qui part ? Qui reste ? Je préfère citer les nouveaux qui entrent au club: Laurent Morère (de Masseube), Eric Laborie (de Boulogne), Jean-Michel Rami (Capvern), Médiamolle (Trie), Claude Leroi (2e ligne de l’Îsle sur Vienne), Eric Tourolle (C.A.L.) et Christophe Burgaud (C.A.L.) lequel est toujours présent en cette saison 2006-2007. Le 14 août 1997, une lettre ouverte d’un supporter est reprise dans la « Semaine des Pyrénées ». «Depuis le temps que l’on parle de crise du rugby au MFC, il est paradoxal de remarquer qu’il y a une question que personne ne se pose: et les joueurs dans tout cela? Je veux parler de ces joueurs qui se foutent bien de savoir qui dirige le club pourvu qu’ils puissent jouer sous leurs couleurs.». Ces propos, en soi, ne peuvent qu’élever les débats, n’est-ce pas ?

Dans ce contexte difficile, le F.C.Trie apporte son soutien au MFC et de cette solidarité se construit une entente au niveau des deux écoles de rugby. En guise de pied de nez à toutes ces histoires, alors que le nouvel entraîneur est Briscadieux, la saison 1997-1998 débute avec quatre victoires consécutives : un match en « challenge Béarn Bigorre » contre Lons et trois autres dans le cadre du championnat à savoir les matchs contre Ibos, Capvern, St-Pé-de-Bigorre. Mais, pour la suite de la saison, les échecs sont nombreux même si, pour bien des rencontres, les équipes concurrentes n’ont pas forcément une véritable supériorité sur les locaux. Le tournant de la saison s’opère lors du match aller à Pouyastruc où l’équipe locale vient briser le bel élan des « rouge et blanc ». Le club ne se qualifie pas et reste au niveau Honneur. Lors de l’assemblée générale de fin de saison, Maurice Verdier, entre temps victime d’un problème de santé, ne se représente pas à la présidence de l’association et préfère prendre en charge l’accompagnement des jeunes (benjamins et minimes) afin d’assurer le respect des obligations sportives qu’impose la F.F.R. dans le domaine de la formation des enfants. Son souhait est simple: leur permettre à tous de jouer au rugby. Son objectif, en tant que président, était de maintenir le rugby en Magnoac et en position Honneur. Avec son équipe et son co-président Gérard Morère, le pari a été atteint.

Un nouveau « staff » se met en place : Lucien Lages, entrepreneur en charpentes métalliques et sponsor du club, conseiller municipal, est le seul à bien vouloir accepter de prendre en charge la responsabilité du club. Il est élu président. Lucien Lages est originaire de Gaussan. Après avoir vécu avec son épouse plusieurs années dans l’Oise, il regagne le Magnoac dans lequel il développe l’entreprise que nous connaissons. Roger Duprat est co-président durant l’été 1998, été marqué par la Coupe du monde de football. Faut-il vraiment le rappeler? L’équipe dirigeante compte près de cinquante dirigeants officiellement. La saison, désormais en championnat Honneur, s’amorce avec de nouvelles recrues et quelques départs. Les nouveaux licenciés sont les suivants: Dominique Abadie, Stéphane Arrouy, Jean-Marc Carrère, Jérôme Godillot, Philippe Pascarel, Bruno Fontan, Jérôme Michel, Lionel Matha, Orman Anne. L’effectif senior s’élève à une quarantaine de licenciés ce qui, à certains moments semble être un peu juste pour noircir deux feuilles de matchs. Il revient à Jean-Jacques Cieutat et à Michel Dabat d’assumer l’encadrement sportif en lieu et place de Briscadieu. Quant aux juniors, c’est Maxou Castets qui en prend la responsabilité, un pilier du club, dans les deux sens.

Le championnat en Honneur débute par une défaite face à Riscle, par des matchs perdus ou pour lesquels l’on déclare forfait. Un certain malaise s’installe avec des joueurs qui cherchent à transiter vers d’autres clubs. Le 16 octobre 1998, Lucien Lages profite d’une réunion au sommet pour annoncer l’arrivée de trois joueurs: Patrick Escaich, Franck Rodriguez, Michel Catelbou, tous avec un gabarit impressionnant, ce qui fait dire au joueur Laurent Duffourc: «on risque de se faire dans le short en les soulevant en touche! ». La victoire est au rendez-vous le dimanche suivant puisque nos locaux reprennent confiance en battant Marciac par 23 à 3 et, en cette fête de la St Luc, ceux-ci ne rentrent donc pas bredouilles de leur chasse. Hélas, d’autres défaites s’accumulent par la suite si bien que le MFC n’est plus en mesure d’assurer son maintien en Honneur. Un championnat en 5e série débute alors en guise de consolation mais sans succès en raison de la défaite en demi-finale face à Tournecoupe (Gers). Le 28 mai 1999, l’assemblée générale du MFC est une nouvelle épreuve : le président ne se représente pas et plusieurs autres dirigeants prennent du recul. La saison se solde par une forte déception tant pour les dirigeants qui ont œuvré pour garder bien vivant le MFC que pour les joueurs ou encore l’entraîneur Jean-Jacques Cieutat. Si le club redémarre en septembre 1999, les équipes joueront en 1ere série. A noter quand même la révélation d’un joueur qui fait ses preuves ouvertement : Christophe Burgaud.

C’est ainsi que s’achèvent quatre longues et rudes saisons. Le club semble épuisé, incapable d’assurer sa survie. Pourtant, à la grande surprise générale, un homme va se lever pour remettre le MFC sur de nouveaux rails. Cet homme, âgé de 71 ans, n’est autre que le curé du village, Yves Laguillony, licencié dans le club dans les années 1960, ex-demi d’ouverture ou encore 3e ligne. Le pari est risqué et la tâche bien rude. La seule certitude est que personne ne convoite le poste de président!

Le curé du village en sauveur du club

Yves Laguillony est né le 30 novembre 1927 à Mauvezin dans les Hautes-Pyrénées, plus précisément au quartier de l’Escaladieu. Après l’école primaire, sa scolarité se déroule au collège de Garaison dans le Magnoac. Il est ordonné prêtre en 1952. Membre de la congrégation des Missionnaires de l’Immaculée Conception (Pères de Garaison), il occupe les fonctions de directeur de l’Institution scolaire de Notre Dame de Garaison de 1962 à 1987. Au début de l’année 1995, il est nommé curé de Castelnau-Magnoac et de paroisses annexes suite au décès accidentel de son prédécesseur, le Père Edouard Prissé.

L’homme d’Église, le berger des fidèles, devient donc, quatre ans plus tard, le capitaine du peuple de l’ovalie. C’est lui qui avait fait sonné les cloches à la volée le jour de la victoire à Foix. Comme déjà évoqué, à l’issue de l’assemblée générale de 1999 aucun candidat ne souhaite assumer la présidence du club. L’assistance quitte alors la réunion dans un climat pesant. La nuit est porteuse de conseils, c’est bien connu. Un matin, à la suite d’une réunion encore infructueuse, le Père Laguillony rencontre le maire Bernard Verdier afin de lui manifester son intention de s’impliquer. Yves Laguillony n’accepte pas l’idée que le club puisse sombrer dans une inactivité peut-être préjudiciable. «M. Lages a dit qu’il ne pouvait plus assurer la présidence, il n’y avait aucun candidat pour prendre la succession, le soir, il était décidé que le club serait mis en sommeil. J’ai passé une nuit, je ne pourrais pas vous dire si j’ai bien dormi ou mal dormi mais le lendemain matin, je suis allé à la mairie voir Bernard Verdier et je lui ai dit: «voilà, je prends la présidence du club». Bernard Verdier accepte la vice-présidence pour un an.

Quel aurait été l’avenir du MFC sans ce rebondissement surprenant de dernière minute ? Le club aurait-il pu redémarrer de plus belle à l’issue d’une période d’hibernation? Quelle aurait été d’ailleurs la durée de celle-ci ? Avec un certain recul, il apparaît évident que l’arrivée du Père Laguillony s’est avérée providentielle. Relancer le club après une trop longue période blanche aurait été une tâche difficile voire douloureuse. Le charismatique Père Yves Laguillony aura fortement marqué son mandat de président en raison de son statut de prêtre d’une part et d’autre part, en raison de son approche particulièrement humaine des gens, de l’ensemble des dirigeants, des supporters, des joueurs… Le Père de l’église est aussi devenu, quelque part, le père d’une grande famille, très souvent sollicité pour célébrer des noces de joueurs voire, hélas, des évènements douloureux comme lors des disparitions, sous sa présidence, d’un joueur et d’un dirigeant, à savoir respectivement celle de Jean-Marc Carrère et celle de Joseph Bousquet. Et, à ces deux noms, il convient de rajouter la disparition accidentelle du joueur Christophe Boyer, intervenue peu de temps avant. Nous avons pu nous rappeler d’eux en prélude de cet historique.

Dès son arrivée, Yves Laguillony fait appel à de bonnes volontés afin de consolider les forces vives du club et de remettre le MFC sur de bons rails dans un contexte difficile. Personne n’était prêt à relever le défi. Un tournant s’opère. Yves Laguillony s’entoure d’un jeune et fidèle trésorier, ancien élève de Garaison, pour la gestion financière: Philippe Recurt. A tous deux, ils consolident la situation financière du club. Le secrétaire général n’est autre que Joseph Bousquet. De nouvelles autres têtes de dirigeants apparaissent avec l’arrivée d’Yves Laguillony : Alain Maratzu, Christian Dessacs, Jean-Pierre Péguilhan, Fernand Salomon lequel saura faire ses preuves par sa belle contribution lors de la vente des calendriers du club. Sont aussi de retour: André Lahaille, Didier Boyer, Joël Puisségur, Guy Darignac. Restent officiellement au club: Roger et Francis Abadie, Bernard Millet, Jean Do Carmo, Lucien Lages.

Les saisons suivantes, ce sont Pierre Labat (2000), Annick Chef d’Hôtel (2001), Alain Dupuy (2002), Renée Vidal (2003), Pierre Vidou (2003), Jean-Louis Ibanez (2003) qui intègrent l’équipe. Certains dirigeants, entrés en 1999 ou en 2000 ne sont plus dans le club. Ainsi va le MFC d’où la difficulté d’établir une liste exhaustive de tous les dirigeants avec leur entrée en fonction précise et leur sortie.

« L’ère Laguillony » reste très médiatisée. On parle du curé président partout, dans la presse écrite mais surtout télévisée. A plusieurs reprises, la télévision, notamment France 3, vient réaliser plusieurs reportages sur le club et surtout sur son drôle de président. Le dernier interview, à ce jour, date d’avril 2006. Lors de son jubilé sacerdotal, le 24 février 2002, le Père Laguillony est très heureux de vivre, à Castelnau-Magnoac, une grande fête religieuse et fraternelle en son honneur, laquelle est organisée par les paroisses, les municipalités, le MFC avec la présence de son Excellence Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes.

La reconquête de la place honneur: 1999-2003

Trois années d’attente en 1ere série

Le recrutement des joueurs semble satisfaisant en 1999. Viennent ou reviennent au club les joueurs suivants : Bernard Louges, Marc Trépout, Stéphane Lay, David Fourquet, Jérôme Pailhé, Sébastien Bousquet, Philippe Gourdain, Daniel Rieux-Latour, David Espenan, Christophe Escudé, Hervé Duprat, Jean-Michel Corrégé, Denis Barrère, Frédéric Castex. Seul Lionel Ferry mute pour l’Ayguette.

Le nouveau départ, impulsé par Yves Laguillony, est marqué par un terrible malheur. Alors que les entraînements débutent, Jean-Marc Carrère, n°8 de l’équipe, succombe à un malaise. Après une séance d’entraînement et au moment du repas, Jean-Marc ressent une vive douleur, il sort pour prendre l’air. Or, malgré la présence d’un médecin et la venue des secours, Jean-Marc tire sa révérence au grand désespoir du club, de sa famille et de Mélanie, sa petite fille. Son enterrement rassemble une foule importante. Deux ans après le décès accidentel de Christophe Boyer, le sort s’acharne donc de nouveau sur le club. La série des malheurs, en tous genres, semble persister au MFC Yves Laguillony ne baisse pourtant pas les bras.

Durant trois ans, le club évolue en première série mais parvient à remonter au niveau supérieur en 2002 c’est-à-dire en promotion honneur. Lors de la saison 1999-2000, le MFC se qualifie pour les phases finales mais perd face à St Lary-Soulan le 26 mars. De fait, la remontée tant espérée est stoppée. A l’issue de cette année, même si les espoirs ne se concrétisent pas, le club est persuadé que ses efforts porteront du fruit. Une certaine sérénité et un certain calme semblent être de nouveau retrouvés. C’est dans cet état d’esprit que la saison 2000-2001 débute, plutôt bien même. Plusieurs victoires rassurantes marquent ce début de championnat. Hélas, l’accession en promotion honneur n’est toujours pas au rendez-vous car l’hiver est rude même si la venue, dans l’équipe, de Jean-François Gélédan et aussi celle, au demeurant furtive, de Stéphane Domengès amorcent une certaine reprise. L’équipe réserve évolue bien puisque elle parvient à se qualifier pour les phases finales. Comme déjà dit plus haut, les efforts voient éclore leurs fruits la saison suivante puisque Magnoac réussi à se qualifier et même à disputer la finale Armagnac-Bigorre 1ere série face à Pouyastruc sur le stade François Sarrat de Lannemezan.

Deux montées et deux titres Armagnac-Bigorre successifs

Le score de 29 à 20, en faveur du Magnoac, reflète un match relativement serré et tendu. C’est Bernard Zampar, joueur à Pouyastruc qui marque un premier essai. Un second est rapidement marqué puis transformé d’où le score de 12 à 0. Magnoac, vexé, réplique et marque un premier essai par le biais de Christophe Burgaux. Jean-Philippe Desbets transforme. Celui-ci marque une pénalité. B. Zampar réplique d’où 15 à 10 à la mi-temps. Vers la fin du match, une grosse erreur de Pouyastruc donne le cuir à Michel Castex qui le transmet à Vincent Grangé lequel le donne à Jérôme Théodolin. Ce dernier sauve l’honneur en marquant un essai et en permettant d’égaliser. La fin du match sifflée, vient le temps des prolongations. Pouyastruc a du mal à réagir. David Espenan en profite pour marquer et J-Philippe Desbets transforme d’où le résultat de 22 à 15 pour les « rouge et blanc ». Cédric Oray marque une nouvelle fois et Jean-Philippe Desbets réitère une transformation. Pouyastruc ne réussi qu’à marquer cinq points supplémentaires. Le match se termine avec un magnifique titre pour le Magnoac: celui de Champion Armagnac-Bigorre 1ere série. Nous sommes le 2002. Le championnat de France ouvre ses portes aux « rouge et blanc » mais d’une façon bien éphémère car, à Adé, Ogeu-les-Bains bat Magnoac d’une manière bien majestueuse. Cette défaite pousse René Despaux à titrer dans les Collines du Magnoac: «petit jeu contre Ogeu».

Le MFC quitte cependant sa place en première série et gravi un échelon: celui de la promotion honneur. Quel soulagement et quelle belle percée pour tous! Quelques joueurs quittent le club ou cessent de pratiquer le rugby. A la trentaine de joueurs confirmant leur fidélité au club, viennent notamment s’ajouter Thierry Arguilh, Serge Abadie, Nicolas Colomès, Cédric Delhom, Pierre Grangé, Jean Pique, Mathieu Fouchou, Lionel Pasquotto, Fabrice Sabathier. La saison 2002-2003 voit encore son palmarès sportif faire place à un nouveau titre : celui de Champion Armagnac Bigorre Promotion Honneur. La demi-finale se joue le lendemain des obsèques du regretté Jojo Bousquet face à Juillan. Magnoac arrache la victoire et vient se précipiter vers Sébastien qui a tenu à jouer comme pour dédier quelque chose de fort à son papa. L’émotion prend bien sûr des proportions très particulières en pareilles circonstances. Faut-il y voir un clin d’œil ? Chacun appréciera! Vainqueurs de la demi-finale, les valeureux magnoacais se retrouvent en finale Armagnac-Bigorre promotion Honneur.

La finale se déroule alors à Bagnères-de-Bigorre face à Tournay le 11 mai 2003. Comme déjà dit, les « rouge et blanc » décrochent la victoire et donc un second titre consécutif rappelant bien celui de 2002. Je me remémore parfaitement cette rencontre pour y avoir assisté avec des amis. Je ne me doutais cependant pas que, quelques semaines plus tard, le MFC me demanderait d’intégrer son groupe de dirigeants. Pourtant, j’ai pressenti ce jour-là quelque chose de particulier… C’était peut-être un signe. Ce match voit s’afficher une véritable course aux points: 3 à 0 pour le MFC puis égalisation puis de nouveau 6 à 3 pour les « rouge et blanc » grâce à la botte de Jérôme Théodolin. Tournay réplique en égalisant et en dépassant le MFC: 12 à 6. Mais Magnoac a le dernier mot: c’est Sébastien Bousquet lui-même qui s’en va marquer un essai. Dans un silence de cathédrale, le capitaine Laurent Desbets transforme. Magnoac 13, Tournay 6. La finale est terminée et la joie éclate en Magnoac après bien des émotions et du stress. Le club accède donc en honneur après bien des années de découragements, d’attentes non satisfaites. Le championnat de France quant à lui est navrant: si Magnoac a décroché la finale Armagnac-Bigorre, il ne parvient pas à pousser l’aventure plus loin. Encore une fois, et surtout en si peu de temps, Ogeu-les-Bains signe la fin du parcours pour le MFC

L’honneur: niveau idéal du MFC ou niveau au rabais ?


Un coup de jeune dans l’équipe dirigeante

Magnoac est bel et bien en honneur après plusieurs années de reconquête : le championnat débute sous le regard attentif des entraîneurs Jean-François Gélédan et Louis Cather. Le 5 octobre 2003, Magnoac bat spectaculairement les baronnies, s’incline face à Auzan, redresse la tête devant Éauze. La suite de la saison, un brin laborieuse, ne permet pas au Magnoac d’assurer sa qualification. Le maintien en honneur est cependant garanti. En revanche, l’équipe II se qualifie. Elle affronte Ibos mais échoue: les banlieusards tarbais ont plus de chances. Le lot de consolation de l’équipe fanion est le suivant: disputer la 5e série, «un tremplin de rattrapage pour gens désœuvrés» comme le signale René Despaux. Le déroulement de la compétition se présente ainsi: Castelnau bat Marquisat en huitièmes puis Bazet en quart. On élimine ensuite Pouyastruc en demi-finale et Bassoues en finale et ce, sur le stade de Villecomtal sur Arros. Le score est de 23 à 21.

Le Père Laguillony, à la tête de la présidence depuis bientôt cinq ans, exprime son souhait de passer le témoin, de préparer sa succession car son seul soucis en 1999 était de sauver le rugby en Magnoac. Pour lui, l’avenir du club passe aussi par d’autres. La réaction dans les coulisses est humaine: on s’interroge quant au nom de son éventuel successeur ou co-président. Coup de théâtre : lors d’un conseil d’administration, des joueurs se présentent. Ils ont précédemment rencontré le Père Laguillony et le trésorier Philippe Recurt pour voir ensemble comment épauler l’équipe dirigeante. Heureuse initiative qui permet aux dirigeants, déjà en place, de pouvoir compter sur du sang neuf. L’assemblée générale entérine leurs arrivées. Michel Castex, Laurent et Jean-Philippe Desbets, Lionel Duprat, Alain Fontan, Jean-Luc Galès, Bernard et Jean-Marc Louges deviennent donc dirigeants tout en restant joueurs. Ce cas de figure est unique. Jusqu’à présent, la séparation dirigeants et joueurs était très nette. Michel Castex, fidèle joueur du MFC et champion de France Honneur en 1995, devient co-président. Deux dirigeants de qualité décident cependant de prendre du recul et quittent le club la même année : Danièle Lacaze, Étienne Dias. Philippe Recurt, accaparé par d’autres activités, exprime son désir de céder sa fonction de trésorier tout en gardant des relations avec le club. Jean-Pierre Péguilhan prend en charge la coordination de l’équipe intendance tandis que la trésorerie reste vacante. Le Père Laguillony l’assume avec l’aide d’Augusta Labat, ancienne secrétaire de mairie. Elle n’est autre que la fille de Laurent Labat, figure du rugby magnoacais dont la mémoire a été évoquée plus haut. A l’instar de Mlle Labat, certaines personnes qui ne sont pas dirigeantes apportent leur concours à la vie du club comme Sylvie Campagnari. En sus de Pierre Vidou, en fonction depuis un an, Pierre Labat est désigné vice-président en remplacement de Danièle Lacaze. Jean-Louis Ibanez devient secrétaire et succède à Renée Vidal.

Michel Castex est né le 28 mai 1965. Responsable d’une auto-école, il habite à Tajan, commune du Plateau de Lannemezan. Michel Castex est un fin connaisseur du MFC Il y est présent depuis 1979 avec une fidélité exemplaire. Il a connu l’époque fédérale, la grande épopée de 1995 mais aussi les années difficiles. Dans son enfance, apparemment rien ne le prédestine à pratiquer le rugby. Un jour, sur un coup de tête, il décide de se jeter à l’eau et de taquiner le ballon ovale sans trop savoir pourquoi. Alban, son père, l’accompagne à Lannemezan, au C.A.L., pensant que c’est jour d’entraînement. Or, personne ne se trouve sur le terrain. Père et fils prennent alors la direction de Castelnau-Magnoac et trouvent le MFC en plein exercice. Le hasard pousse donc le jeune Michel à faire ses premiers pas au MFC en tant que cadet. Il décide naturellement de rester dans ce club. Son arrivée, en 2004, à la tête du Magnoac Football Club, aux côtés du Père Laguillony, semble donc logique.

La saison 2004-2005 comptabilise huit victoires, un match nul, neuf défaites. En définitive, pas de qualification ni même de réussite en 5e série, le fameux repêchage de consolation. Ibos, vexé par une descente en promotion que lui impose le comité en raison d’une école de rugby inexistante, nous barre la route dès le premier match. La saison s’achève cependant sur une note festive. Le samedi 25 juin 2005, le MFC fête l’anniversaire des dix ans du titre national de 1995 que personne n’a oublié. Les célébrations débutent au cimetière de Castelnau par un temps de recueillement sur la tombe de Christophe Boyer, champion de France en 1995. Le MFC est présent aux côtés de la famille. La journée se prolonge par un match qui opposent, au stade Jean Morère, les vétérans de 1995 aux plus jeunes. Claude Tajan, l’arbitre national du Magnoac, orchestre la rencontre. Avant le match, les deux équipes ont droit à la traditionnelle séance photographique. Théo, le correspondant de « La Dépêche », conduit Lucie, la fille de Christophe Boyer, au milieu de l’équipe des vétérans de 1995 pour réaliser l’un de ses plus beaux clichés. Une soirée dansante est organisée à la salle des fêtes de Castelnau. A présent, je peux l’avouer sans craindre la raillerie : cette nuit-là, Gégé le coiffeur, m’a taillé les cheveux, dans son salon, vers les deux heures du matin ! Il m’était impossible d’attendre la semaine suivante car pris par les obsèques d’un ami prêtre, Jean Mourréjeau, le lundi matin à Galan. Une fois le travail effectué, Gégé m’a ramené puis laissé descendre devant la salle des fêtes où un petit groupe était rassemblé. Certains n’ont pas bien saisi ce qui se passait et ceux qui ont compris ont sûrement bien rigolé !

Quelques semaines auparavant, le 3 juin, deux dirigeants entrent au club: Jean-Louis Touzanne et René Dubau. Ce dernier, malheureusement, ne fait qu’un passage éphémère. Il décède subitement à l’automne suivant alors qu’il occupe le poste de secrétaire adjoint. Nul n’a oublié son implication dans la tenue du stand du MFC à l’occasion du passage du Tour de France à Castelnau-Magnoac, le 20 juillet 2005.

2005-2006: une saison à rebonds

La saison 2005-2006 peut être qualifiée de «saison à rebonds». Une première défaite à domicile lors d’un match contre Adé, le 16 octobre 2005, annonce bien d’autres défaites acerbes pour la suite de la saison. En mars, vers la fin de la phase retour, le maintien en honneur est très compromis ! Pourtant, tous, supporters ou adversaires, s’accordent à reconnaître la valeur de l’équipe. L’absence d’un buteur attitré a bien sûr pénalisé le jeu durant toute la saison même s’il faut reconnaître, en ce domaine, les efforts louables voire parfois sauveurs, de Frédéric Castex et de Frédéric Portal. Le dernier match “retour” à Masseube, le 26 mars 2006, est remporté miraculeusement par Magnoac. Ce jour, avec le co-président Y. Laguillony, je me trouvais à Lourdes pour le pèlerinage diocésain. Il me revient en mémoire la remarque de circonstance qui m’a été rapportée le soir même et qui a été formulée à quelques minutes de la fin du match par Annick, dirigeante du club, à sa belle-fille Sabrina aux tribunes : «Le Père et Jean-Louis sont à Lourdes, pourvu qu’il se passe quelque chose»! D’un coup deux pierres, le Magnoac assure alors son maintien en honneur et même sa qualification pour les phases finales. Notons, toutefois, qu’en matière de classement, les conséquences d’un incident préalable survenu lors d’une rencontre entre Masseube et Maubourguet ont bien facilité les choses ! Et la soirée au stade s’est terminée pour quelques joueurs et dirigeants chez le co-président Michel Castex, à Tajan, autour de verres, de jambons, de saucissons… Anecdote pleine de saveurs que Michel s’empressa de m‘inviter à signaler, cette nuit-là, dans ce présent récit : chose promise, chose due! Au volant de la « saxo », je suis rentré chez moi, via Galan, me disant: «quelle journée!». Je n’ai pas souvenance d’avoir croisé grand monde sur la route à cette heure bien avancée de la nuit !

Le début des phases finales est quant à lui navrant avec une défaite à Pouyastruc. Un sursaut pousse alors les protégés de Jean-Michel Déro et de Jean-Louis Carruesco, les entraîneurs de la saison, à battre Trie le 16 avril. Pouyastruc rencontre ensuite Trie. Score final : 9 à 9 avec Pouyastruc propulsé en fédérale 3. Le classement de la poule B est alors le suivant: 1 Pouyastruc, 2 Magnoac, 3 Trie (éliminé). Le MFC joue alors la «petite finale Armagnac-Bigorre» (ou match de barrage) à Auch face à Bordères-Oursbelille, le second de la poule A et ce, le samedi 29 avril 2006. La rencontre se solde par la défaite du MFC La saison se termine! Dommage pour le MFC qui aurait pu être le favori à quelques minutes de la fin. Cette saison reste comme l’une des plus instructives parmi les quelques dernières. Magnoac reste donc en Honneur.

Outre cette évolution sportive, la saison est marquée par une politique très volontariste en faveur de l’accroissement du nombre de sponsors, action impulsée par le vice-président Pierre Vidou, aussi trésorier depuis septembre 2005, et par Michel Castex. C’est aussi cette année-là que le calendrier du club change de formule. Son grand format se transforme en livret en raison notamment du nombre de sponsors qui double. Parmi les évènements à retenir : la visite, en février 2006, de Max Barrau, ancien international de rugby, à l’occasion d’un match. Invité par François Dabezies, sponsor, Max Barrau vient nous saluer en toute simplicité.

Vers la saison du centenaire et l’échelon fédéral ?

Après les émotions de la précédente saison, le club organise l’assemblée générale le 30 juin 2006 alors que se tient en ville un singulier festival d’art contemporain. Pierre Foix, Martine Gabarrot et Jean-François Périssé viennent étoffer le groupe des dirigeants. Yves Laguillony est désigné président d’honneur et Michel Castex l’unique président en exercice. L’assemblée permet d’afficher clairement un objectif: celui d’une accession en fédérale 3. Le bon recrutement en cours laisse envisager des potentialités certaines et ces nombreuses recrues, une vingtaine, contrastent avec seulement trois départs : ceux de Cédric Francingues pour Bagnères, de Laurent Almeida pour Montréjeau, de David Dasté pour le T.P.R. qui, en réalité, est de retour quelques mois plus tard, regrettant l’ambiance du MFC qu’il a su apprécier lors de sa première saison, l’année précédente !

François Vergès et Bernard Cigogna sont les nouveaux entraîneurs, le premier étant aussi joueur et buteur soit une perle rare. Le début de saison voit de nombreux joueurs majeurs qui se blessent en compétition et même lors d’entraînements. Au 15 février 2007, la place du club au sein du classement est plus qu’honorable puisque Magnoac figure troisième, derrière Masseube et Éauze. Le 18 février, Castelnau d’Auzan vient en Magnoac, apparemment sans trop de prétentions. Il semble que cette rencontre peut bien tourner en faveur des locaux. En réalité, le match est des plus navrants. Plusieurs pénalités ne passent pas entre les pagelles mais plutôt à l’as! La boue aidant d’ailleurs, Magnoac s’embourbe dans un jeu qui fait peine. La victoire d’Auzan est finalement logique. Le problème réside surtout dans le fait que Magnoac se fragilise au niveau du classement: de troisième, il chute à la sixième place. La réplique magnoacaise ne se fait pas attendre: en battant Bordères-Ousbelille à l’extérieur, le MFC remonte de trois étages. En battant Mauvezin, le 18 mars, il se positionne à la troisième place du classement.

Mais cette saison 2006-2007 reste tournée vers la suivante, vers celle du centenaire du MFC dont la grande fête est programmée pour le samedi 1er septembre 2007. Le club s’y prépare depuis le début de la saison. Le 16 septembre 2006, le MFC est invité à participer au passage du train de la Coupe du monde de rugby à Tarbes. PHOTO: Le MFC aux côtés de la Coupe du Monde de rugby, avec de gauche à droite: Anthony Pradier, Jean-Louis Ibanez, Michel Castex et Jean-François Périssé (photo Jean-Patrick Lapeyrade). En novembre 2006, le président et un joueur, Gaël Lejars, participent à Marcoussis aux cérémonies nationales des clubs centenaires. PHOTO: Gaël Lejars et Michel Castex avec le fanion souvenir des cérémonies du centenaire à Marcoussis (photo JLI). Le dimanche 18 mars 2007, dans l’enceinte du stade Jean Morère et lors de l’inauguration de la stèle rappelant la mémoire des joueurs, supporters, entraîneurs et dirigeants défunts du Magnoac Football Club, le président Michel Castex déclare : « c’est aujourd’hui que le centenaire commence…» Cette stèle est inaugurée à l’occasion des retrouvailles des vétérans, joueurs mais aussi dirigeants, ayant participé à la glorieuse montée en troisième puis en deuxième division, respectivement en 1979-1980 et en 1980-1981. Claude Tajan, Gérard Morère, Georges Abadie, André Lahaille, Gilles Rousse, Jean-Marc Dossat sont à l’origine de cette belle initiative qui reste l’une des plus riches heures émouvantes et solennelles de la saison 2006-2007. La cérémonie d’inauguration est fixée à 10h30 au terrain des sports. Trois enfants tiennent la gerbe: Thomas Cabos, Antoine Dupont, Gaétan Rousse. Le Père Laguillony s’exprime en premier puis passe la parole à Michel Castex, André Lahaille et Bernard Verdier. Des larmes coulent … A midi, les vétérans de 79-81 sont attendus à la métairie Dupont pour le repas fraternel. Ils rejoignent les spectateurs venus applaudir Mauvezin et Magnoac après le digestif. Auparavant, Yves Laguillony, à l’issue de la messe dominicale, vient bénir la stèle en présence de tous les joueurs et dirigeants présents, à ce moment là, au club house et qui, spontanément, se lèvent de table pour ce nouvel acte fort…