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Quillan (Aude)

Union Sportive Quillan Haute Vallée

Fondé en :   1898 : Union Sportive Quillanaise

2014 : fusion avec Limoux pour devenir Quillan-Limoux

Site internet du club :  

Palmarès :
Champion de France : 1929
        Finaliste du Championnat de France : 1928, 1930
Champion de France 2e division Fédérale : 1964
Champion de France 3ème division Excellence : 1955
Champion de France 3ème Série : 1922
Champion de France juniors Balandrade : 1983
Challenge des Provinces juniors : 1980, 1986, 1990
Champion du Languedoc Juniors : 1962, 1987, 1988, 1989
Champion Grand sud Juniors : 2000, 2006
Champion du Languedoc Cadets : 1966, 1980, 1981
Champion du Languedoc-Roussillon Cadets : 2004, 2007

Quillan-Espéraza
Coupe de l'Offensive : 1964

Adresse : Brasserie Le Palace, Place de la République B.P 41 - 11500 QUILLAN

Ligue Régionale Occitanie
ex
Comité : Languedoc
Equipe première : Occitanie :

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Historique issu du site du club (2022)

Quillan, petit chef lieu de canton (3.400 habitants actuellement) est situé sur le fleuve Aude dans un bassin à la sortie des Gorges de la Pierre-Lys.

A Quillan, l’Aude, jusque là torrent pyrénéen, s’assagit et devient rivière flottable et navigable. Rien dans sa situation géographique loin des grands axes, tout à l’Ouest du département et la faiblesse de sa population ne distinguèrent Quillan à devenir un grand centre de rugby, sinon son développement industriel à deux périodes de son histoire : l’industrie chapelière puis l’industrie des stratifiés (Formica). Son émergence en rugby coïncide avec ces deux moments de la vie industrielle de la région. Il fallait aussi la volonté des hommes à la tête de ces industries.

Ne pas oublier aussi tous ces bénévoles anonymes qui ont maintenu le club de rugby de Quillan dans les périodes difficiles.

La fondation du club remonte au début du XXème siècle. D’après l’encyclopédie du Rugby Français, l’Union Sportive Quillanaise aurait été fondée en 1898. Nous avons retenu le témoignage de M. Moulines qui donnait comme point de départ 1902/1903.

Ce n’est qu’en 1910 que l’U.S.Q. est engagée dans une compétition régionale sous la présidence de M. Moulines.

Là commence l’histoire du rugby à Quillan. Le stade Jean Bourrel verra évoluer le Stade Toulousain, le S.U. Agen, Bègles, Dax, Biarritz, Stade Français, etc…

Et même si le club n’a pu se maintenir dans l’Elite du rugby, il est toujours bien vivant avec ses joueurs, son équipe de dirigeants et de bénévoles, ses supporters ses structures et son Ecole de Rugby (ARPAL) commune aux autres clubs de la Haute Vallée de l’Aude

Les fantômes du chapelier

par Pierre-Michel Bonnot, « L’Équipe » du 12 août 2013.

En 1929, le fabricant de chapeaux Jean Bourrel, premier grand mécène du rugby, a offert à Quillan un titre de champion de France. La petite ville audoise ne s’en est jamais remise.

QUILLAN – (AUDE) DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

«ICI, C’EST PLUS FACILE de s’occuper d’un club du troisième âge que d’un club de rugby», sourit Christian Maugard, attablé, comme chaque jeudi, avec ses vieux complices du comité directeur de l’US Quillan Haute Vallée (USQ), dans la fraîche salle du café brasserie Le Palace.

Dehors sur la terrasse au bord de l’Aude, des touristes anglais pas franchement affolés du bain de mer basculent quelques bières à l’ombre de l’imposante forteresse du XIIe siècle.

À quatre-vingts kilomètres de la plage la plus proche, le tourisme vert s’impose comme le dernier espoir du << désert industriel quillanais »>, qu’évoque spontanément Maugard, la soixantaine rubiconde cong !, et la ferveur bougonne chevillée au corps. << Je suis président depuis 1982, soupire-t-il, c’est nul! Il y a longtemps que je devrais avoir passé la main.»>

Il dit ça, et puis aussi que Quillan en Fédérale 2 << joue au dessus de son niveau »>, << qu’il était contre la montée l’an passé », que «< c’est un miracle que l’USQ soit encore là ». Que « Quillan est en train de mourir >>.

Puis aussitôt, il ajoute : « Mais si c’était facile, ce ne serait pas amusant, hein? >> IL recompte l’effectif de la saison à venir avec Michel Arthozoul, un autre responsable du club, et se gratte le crâne pour dénicher un ouvreur. << On avait un jeune formé au club, un copain du fils de Michel. On comptait sur lui, mais il a trouvé un boulot ailleurs…

Avec un budget de plus ou moins 240 000 euros – << dans le rugby, quand on parle d’argent, tout le monde ment », admet Maugard -, Quillan est bien obligé de faire avec les moyens du bord.

À cinquante kilomètres de Carcassonne, à quatre-vingts de Perpignan, Quillan, la ville aux << trois quilles », élégants pics rocheux qui la surplombent, n’est pas très loin de nulle part.

Ce croisement de l’ancienne nationale, qui Longeait les Pyrénées de Perpignan à Bayonne, et de la transversale Carcassonne – Font- Romeu, semble loin des autoroutes battues, aux portes de l’oubli. Idéal pour la paix du touriste, pas franchement pour attirer l’industrie.

<< Quand il faut trouver des emplois, on n’est pas armés, constate Maugard. La ville n’a plus que 3 400 habitants et la mairie est le plus gros employeur.>>

Heureusement qu’on a des sponsors fidèles, comme Ovalie Transports basé à Toulouse, dont le patron, Philippe Cazals, est quillanais, sinon on n’y arriverait pas. >> Vu de ce début de XXIe siècle, c’est même à se demander comment Quillan a pu y arriver un jour.

Champion de France en 1929, finaliste en 1928 et 1930, L’US Quillan présente un autre palmarès que Graulhet, Gaillac ou Mazamet, tous anciens de Première Division balayés par les crises, qu’elle retrouvera en poule cette année. Champion de France par la volonté d’un seul homme, Jean Bourrel, industriel richissime et Légèrement à la marge, qui s’est offert un jour une équipe de cracks comme on se paye une Hispano-Suiza.

LÉZIGNAN-LA-MATRAQUE, TOUT LE MONDE DESCEND

Difficile de ne pas penser à Mourad Boudjellal (RC Toulon), plutôt qu’aux moins tapageurs présidents Jacky Lorenzetti (Racing-Métro), Alain Afflelou (Bayonne) ou Thomas Savare (Stade Français), quand on évoque le fantôme de Bourrel

C’est que cet industriel à la gestion rigoureuse, qui avait fait fortune dans la fabrication de chapeaux mous n’était pas du genre à mollir dans son ambition de s’offrir une équipe de rugby aux mille stars. Profitant de querelles intestines nées à L’Union Sportive Perpignanaise après le titre de 1925, Jean Bourrel allait attirer la moitié de l’équipe catalane, dont les vedettes Eugène Ribère et Marcel Baillette, ainsi que leur entraîneur Gilbert Brutus, au fin fond de la haute vallée de l’Aude. Puis encore cinq ou six internationaux de divers clubs les deux saisons suivantes. << Il a en fait créé la première équipe professionnelle du monde », souligne Christian Maugard.

Et pas seulement parce que les joueurs n’avaient d’autre souci que de s’entraîner quasi quotidiennement, tandis que toute la ville travaillait du chapeau. En ces temps héroïques et quelque peu barbares, les joueurs disposaient d’un kiné et s’astreignaient à une ébauche de diététique. Ils avaient ce souci d’élégance offensive que soulignait encore le port de chapeaux Thibet, un des plus fameux couvre-chefs créés par Bourrel, qu’ils avaient charge d’offrir aux supporters adverses lors des matches à l’extérieur pour en assurer la promotion.


Pourtant la trajectoire de ces premiers mercenaires d’Ovalie est restée entachée de souvenirs dramatiques.

C’est que si la mort sur mêlée écroulée du talonneur quillanais Gaston Rivière, lors des retrouvailles entre Perpignanais et << renégats >> le 20 mars 1927, comme celle de Michel Pradié, ailier de dix-huit ans fauché par un terrible plaquage à retardement de l’international Fernand Taillantou lors de la demi-finale Agen- Pau en 1930, relèvent du malheureux << accident de jeu », l’ambiance générale du rugby français d’après guerre était franchement pourrie. En particulier parce que, pour limiter les frais de déplacement, le Championnat débutait par des poules de qualification régionales et que celle du Languedoc, avec Perpignan, Narbonne, Béziers, Carcassonne, Lézignan et Quillan était une véritable poudrière.

C’était l’époque où, à Lézignan, l’entraîneur Jean Sébédio, dit << le Sultan »>, fouet en main, faisait inlassablement tourner ses << bourriques » à l’entraînement , et où le chef de gare accueillait l’arrivée de l’équipe adverse d’un lugubre: << Lézignan-la-matraque, Lézignan-la- matraque, tout le monde descend. >> C’est justement cet aimable voisin que les << Bourrel’s boys >> allaient retrouver au stade des Ponts-Jumeaux de Toulouse pour la finale 1929.

 Gaston Rivière

Mais laissons un confrère de l’époque, Marcel de Laborderie , situer l’ambiance.

<< Le match tout entier ne fut qu’une succession de bagarres, de batailles rangées (…) interrompues de temps en temps par quelques mouvements de rugby de bonne classe. (…) Et l’on vit ce spectacle unique de joueurs, laissant le ballon de côté, combattre à coups de poing, à coups de pied, puis, séparés par l’arbitre, se débarrasser de celui-ci pour reprendre le combat à poings nus », écrivait-t-il dans le Miroir des sports.

Peu après l’heure de jeu , Lézignan menait 8-0 et Sébédio, sûr de la victoire, extirpa une liasse de billets de son portefeuille pour la lancer vers la tribune présidentielle en hurlant: << Vous voyez, le pognon n’est pas tout en rugby. >>

APRÈS LES CHAPEAUX, LE FORMICA

Trois essais de Quillan plus tard, le pognon – et le talent qu’il permet de s’offrir – triomphait.

Puis l’aventure tourna court. Au point qu’on ne sait plus très exactement à quel moment Jean Bourrel a laissé tomber la présidence du club. « C’était un flambeur, explique Maugard, devant la villa d’inspiration hollywoodienne que l’industriel s’était fait construire au bord de l’Aude.

La ville lui doit le pont Suzanne, le prénom de sa fille, bâti pour raccourcir Le chemin des ouvriers jusqu’à l’usine, et qu’il avait réussi à faire inaugurer en 1928 par Paul Doumer, alors président du Sénat. Mais il avait aussi une écurie de course, une vaste propriété avec des vignes et un élevage de chevaux à la sortie de la ville. C’était le genre de type à faire venir les danseuses du Casino de Paris à Quillan, ou à distribuer des actions dans les bistrots de la ville.

Retour aux sommets

Pourtant, après la chute de la maison Bourrel, Quillan, fait rarissime, vit repasser le plat fumant de la prospérité industrielle. Par l’entreprise de Paul Barrière, neveu de Jean Bourrel et président de la Fédération de jeu à XIII, le groupe anglais DeLarue installa à Quillan, au milieu des années 1950, la seule usine de Formica de France. << Il y a eu jusqu’à douze cents employés, sans compter les entreprises de transporteurs, se souvient Germain Marty, numéro 9 de ces années de regain, et alors cadre à l’usine.

Quillan comptait cinq mille habitants alors, des magasins prospères. Formica proposait de belles situations et on était payés sur quatorze mois. Mais il n’y avait pas d’état d’âme non plus, l’usine tournait sept jours sur sept et on faisait les postes en trois huit parfois le matin des matches. Quasiment toute l’équipe travaillait pour Formica, ça entretenait aussi une véritable solidarité.

Près de deux décennies durant, les héritiers des chapeliers allaient relever la tête et, de 1964 à 1978, L’USQ, plus connue un temps sous le nom de Quillan- Esperaza, allait se maintenir parmi l’élite du rugby français. Puis vint la fin des années Formica.

<< Au début des années 1980, le stratifié 5 a commencé à perdre du terrain, soupire Germain Marty, la mode des meubles en bois blanc a pris le dessus. En 2003, tout s’est arrêté, l’usine a été vendue à un ferrailleur, démontée pièce par pièce. À la place, il y a une friche, des sangliers et les lapins.>>

Au bout du pont Suzanne, le cœur de Quillan a cessé de battre, asphyxié par tous les << Ikea >> de la mondialisation. L’Union Sportive Quillanaise, elle, n’a pas fini de se débattre. << Vraiment c’est compliqué, bougonne une fois encore Christian Maugard, mais je sais qu’il y aura toujours du rugby à Quillan. >>

PIERRE-MICHEL BONNOT

4, LE NOMBRE DE DIVISIONS DANS LESQUELLES L’US QUILLAN A DÉCROCHÉ UN TITRE DE CHAMPION.

Soit, dans le détail :

♦ La Première Division (en 1929)

♦ La Deuxième Division (en 1964)

♦La Troisième Division (en 1955)

♦La 3a Série, qui correspond aujourd’hui à la 10e Division (en 1922).

Fatale finale

Imaginez un instant que la Fédération ait décidé, à l’issue de la finale de juin dernier, de mettre Castres hors Championnat et que, dans la foulée, le Comité de Côte d’Azur en ait fait autant de Toulon

C’est à peu près le cataclysme qui suivit la brutale finale de 1929, lorsque les rudes Lézignanais furent bannis par la FFR et les mercenaires quillanais exclus par Le comité du Languedoc, avant que les deux clubs ne soient réintégrés. Mais les conséquences des querelles intestines du plus puissant comité de l’époque (le Languedoc venait de placer cinq clubs en quarts de finale du Championnat) furent immenses.

Lassés de la violence impunie et de l’incurie fédérale, douze grands clubs français firent sécession pour créer une fédération parallèle (L’UFRA) dont les joueurs ne furent plus sélectionnés en équipe de France.

Pire, alarmées par la violence endémique et le professionnalisme rampant qui empoisonnaient l’atmosphère de ce << Championnat >> qui n’était pas dans leur façon de concevoir le rugby, les nations britanniques annoncèrent, le 2 mars 1931, l’exclusion de la France du Tournoi des Cinq Nations.

Pour tenter de rattraper le coup, la FFR radia Jean Galia, la star quillanaise, un des acteurs majeurs du titre de 1929, accusé de non-respect de l’amateurisme, et exclut à nouveau Lézignan du Championnat

Trop tard. Il faudra une guerre mondiale pour que les Britanniques acceptent à nouveau les Français, dans le Tournoi 1947.

Parallèlement, Galia fut mandaté par les Anglais pour lancer le rugby à XIII en France, Lézignan changea définitivement de discipline et le rugby professionnel s’implanta durablement dans la région. « Le XIII, précise Christian Maugard, président de l’US Quillan, représente encore dix pour cent des effectifs du rugby dans l’Aude et il a réuni plus de mille jeunes pour un rassemblement à Perpignan au printemps. C’est un manque important pour le XV. >>

P.M. B.